Projet de loi: les microbrasseries québécoises font du surplace
L’AMBQ n’a pas encore réussi à obtenir les assouplissements demandés


Jean-François Racine
Malgré des années de revendications, les microbrasseries n’ont toujours pas réussi à obtenir les assouplissements qui leur permettraient de vendre leurs produits en ligne ou dans les marchés publics.
«La réponse courte, c’est non. Le ministre se disait ouvert, mais rien n’avance. On tourne en rond», déplore la directrice générale de l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), Marie-Ève Myrand.

Déposé en mai dernier, le projet de loi provincial concernant l’allégement du fardeau réglementaire et administratif (PL17) est à l’étape de l’analyse, article par article, en commission parlementaire. L’adoption pourrait se faire avant Noël, mais l’AMBQ pourrait ne pas obtenir ce qu’elle réclame.
Les microbrasseries souhaitent depuis longtemps pouvoir livrer leurs bières directement au domicile de leurs clients. L’AMBQ souhaite aussi accéder aux marchés publics.
- Écoutez l'entrevue de Marie-Ève Myrand, directrice générale de l’Association des microbrasseries du Québec, au micro de Marie Montpetit via QUB radio :
À quelques semaines de son 13e congrès annuel qui aura lieu à Québec en novembre, l’organisation aurait aimé présenter une bonne nouvelle en ce sens aux participants.
Année difficile
Après une expansion spectaculaire, l’industrie microbrassicole d’ici connaît une année difficile malgré 331 permis de brasseurs au Québec. Certaines entreprises traversent actuellement un peu mieux la crise que d’autres. Quelques-unes ont même choisi de mettre la clé dans la porte.

Dans un marché compétitif, l’inflation a fait grimper le prix des matières premières et bondir le prix des produits. Partout, le coût de la main-d’œuvre augmente aussi.
Lorsque les gens rechignent devant le prix du lait, du pain et de la viande, la bière devient un luxe. Des canettes de 473 ml à 7 ou 8 dollars font réfléchir un instant. Dans un commerce spécialisé de Cap-Rouge, un détaillant affichait récemment un prix spécial de 104,99$ pour 24 canettes d’une microbrasserie de la région de Québec.
«Il y a des microbrasseries pour lesquelles ça va bien et d’autres pour qui c’est difficile. Il n’y a pas de portrait uniforme, mais c’est sûr que nous sommes dans un contexte économique où les consommateurs ont moins de dollars disponibles», ajoute Marie-Ève Myrand.
Même si la facture moyenne des achats effectués a baissé, une partie de la clientèle aime toujours magasiner pour des occasions spéciales à la maison puisqu’ils sont incapables de se permettre une sortie encore plus onéreuse au restaurant.
Les consommateurs sont toutefois moins aventuriers dans leurs choix.
Les prix
«Le prix a toujours été un frein à l’achat et c’est encore plus vrai. Les gens vont vers des valeurs refuges. Ce n’est pas facile, mais on veut dire que les micros se retroussent les manches et tirent leur épingle du jeu», précise Mme Myrand.
L’année 2023 est également sombre pour les boutiques spécialisées. Les grandes bannières de l’alimentation, qui offrent une sélection toujours plus grande, font mal aux plus petits commerces.
Les succursales de Je bois local sont fermées alors que le groupe Tite Frette navigue dans la tourmente avec la disparition de plusieurs franchisés.
Enfin, plusieurs microbrasseries ont choisi de revoir leur distribution pour diminuer les coûts du transport. Certaines entreprises font le pari d’être d’abord bien enracinées dans leur communauté.
Dans l’ensemble, la vente de bière au pays continue de fléchir pendant que le prix plancher de la bière connaît une hausse importante depuis deux ans au Québec.
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