PCC: Alain Rayes dénonce «l’intimidation pure et simple» du clan Poilievre à son endroit
Raphaël Pirro
L’entourage du nouveau chef conservateur Pierre Poilievre tente de faire pression sur Alain Rayes afin qu’il démissionne de son poste, un jour après avoir claqué la porte du parti, alors que les députés québécois du caucus conservateur restent muets sur le sort de leur ancien collègue.
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«C’est de l’intimidation pure et simple qu’ils ont comme tactique», a lancé Alain Rayes au bout du fil. «Je suis sous le choc.»
Aux alentours de midi, des membres du Parti conservateur du Canada (PCC), incluant M. Rayes lui-même, sa femme et ses enfants, ont reçu un texto particulier. «Votre député Alain Rayes vient de quitter le Parti conservateur. Il a décidé de ne pas combattre l’inflation de Trudeau avec l’équipe de Pierre Poilievre. Alain, appelez son bureau dès maintenant et dites-lui de démissionner de son poste de député», peut-on y lire. Le numéro de téléphone du bureau de circonscription est inclus dans le message.
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Résultat : le bureau a été inondé d’appels. «Mes trois lignes sont congestionnées.», a expliqué M. Rayes. Il rapporte également que Pierre Poilievre et le nouveau chef du caucus du Québec du PCC, Pierre Paul-Hus, ont contacté directement la présidente de l’association du comté pour lui demander de dénoncer publiquement son départ du PCC.
«Qu’est-ce que ça dit aux autres? Si tu ne rentres pas dans les rangs puis tu ne mets pas ta queue entre les deux jambes, voici ce qui arrive», a opiné le principal intéressé, qui fait un lien avec la «politique américaine» et le «trumpisme».
Le Parti conservateur s’est excusé en toute fin de soirée, mercredi, dans un message publié sur son compte Twitter.
«Le Parti conservateur du Canada s'excuse pour un message texte automatisé envoyé plus tôt aujourd'hui aux membres du parti dans la circonscription de Richmond-Arthabaska», a simplement indiqué le PCC.
Le Parti conservateur du Canada s’excuse pour l’envoi des textos demandant aux membres du parti de la circonscription de Richmond-Arthabaska de réclamer la démission d’Alain Rayes auprès de son bureau.#polcan @tvanouvelles https://t.co/z3bWRdGD3a
— Olivier Ferron-Boissé (@OBoisse) September 15, 2022
Alain Rayes a affirmé qu’il craignait de vivre la même situation que son député provincial, le caquiste Éric Lefebvre, qui avait vu défiler des manifestants devant chez lui. Appelés à commenter le sujet par le Journal de Montréal en milieu de journée, les députés du caucus québécois du PCC n’ont pas retourné nos demandes.
Un «manque de classe»
«C’est un manque de tact et un peu un manque de classe. Ça a l’air revanchard», a jugé Yan Plante, ancien conseiller de Stephen Harper et vice-président de la firme TACT.
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Une meilleure stratégie pour le déloger aurait été d’organiser un grand rassemblement à Victoriaville dans quelques mois «pour démontrer qu’ils veulent reprendre la circonscription», a-t-il ajouté.
L’approche empruntée jusqu’à présent, «stratégiquement c’est très mauvais», a précisé M. Plante. «Au lieu de parler d’unité, d’inflation et d’économie, ça fait dévier la conversation sur un règlement de compte à l’interne. C’est du “stuff” de junior.»
«Bon. Ça commence de même, la démocratie chez Pierre», a tweeté le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, après avoir indiqué en matinée qu’il s’entendait bien avec M. Poilievre.
M. Rayes était l’un des joueurs clés de la campagne de Jean Charest dans la course à la chefferie, qui s’est soldée par une défaite cuisante pour l’ancien premier ministre aux mains de M. Poilievre samedi soir.