Les matchs qui comptent vont me manquer

Jean-Charles Lajoie
La Confrontation des 4 nations est un baume extraordinaire à mon cœur de partisan de hockey.
J’adore le regarder et j’ai beaucoup aimé le pratiquer à une époque de plus en plus lointaine. Je suis fasciné par l’enrobage d’un club de hockey, sa direction, son organisation jusque dans les moindres détails.
Mais par-dessus tout, je veux aimer profondément un club de hockey. Être partisan c’est extraordinaire dans la vie... tu mènes ton quotidien, tu travailles fort, tu affrontes les hasards de la vie, les bons comme les moins bons moments.
Bon an mal an, quelques fois par jour, tu penses à ton club de hockey puis ça te fait du bien. Tu es partisan, tu aimes ton équipe et elle est un exutoire formidable dans ton quotidien pas toujours rose et simple.
Tu planifies avec ta blonde et/ou tes chums le prochain match. «On le regarde où?» «On prépare quoi pour bouffer?» «On invite qui?» «Puis, on va au temple quand pour les voir de proche et sentir l’ivresse dans le building?»
Être partisan est un cadeau, mais si l’équipe que j’adore ne me gâte pas, ledit cadeau me laisse de glace.
J’aime sentir que le club que je chéris me retourne l’ascenseur. Pas en gagnant la coupe Stanley tous les deux ans, mais en se battant pour gagner dans tous les matchs, tout le temps.
Que peu importe le grand plan des architectes de la reconstruction, le plan sur la glace, lui, est de gagner chacune des rencontres disputées.
C’est bête, plate et cruel, mais je n’ai hélas pas cette impression avec mon équipe, le Canadien.
Pas que le CH perde volontairement des matchs, jamais je ne croirais une affaire pareille, mais des fois, dans la manière de gérer l’équipe au quotidien, certaines décisions me laissent perplexe.
J’ai souvent parlé du privilège consenti à la firme Gorton & Hughes & Associates, soit celui de n’avoir aucune reddition de comptes, aucune obligation de livraison de résultats.
Ce privilège est aussi particulier parce qu’il est rarissime. Combien de fois un homme de hockey ailleurs dans la Ligue nationale de hockey (LNH) m’a-t-il confié qu’il n’en revenait pas de voir combien la pression de résultats était inexistante à Montréal?
Personnellement, comme partisan, ça ne me plaît pas. Comme observateur chargé d’analyser le plus froidement possible la situation de l’équipe, je peux, à force de beaucoup d’efforts, comprendre la stratégie de dominer un jour, mais pour longtemps.
Je dois admettre que c’est toutefois très difficile parce que la neutralité est une vulgaire lubie inexistante. Je pense en fait qu’elle n’a jamais vraiment existé. La différence c’est que maintenant on ne se cache plus.
Les cinq formidables semaines offertes par le CH entre le 17 décembre et le 21 janvier ont été fantastiques pour mon cœur de partisan. Le plaisir de voir l’équipe bien jouer, performer, se battre avec intention et confiance de pouvoir gagner, parvenir à le faire souvent contre de très bonnes équipes, la remontée au classement, l’avenir, rose et meilleur. Enfin, tout y était.
Puis, la chute, hélas, encore. Les défaites, la manière, la déprime, le chialage contre Patrik Laine, pourtant un joyau heureux d’être ici, mais sans doute de moins en moins. Les décisions qui subitement me semblent à nouveau douteuses de la part du coach et du DG.
La Confrontation des 4 nations m’a atteint en plein cœur. Elle a réveillé tout ce qu’il y a de plus beau chez le partisan d’un club de hockey en moi. Elle va se terminer jeudi soir et ma nostalgie sera profonde.
Ces matchs qui comptent vont me manquer.