Les marges de profit en baisse pour les manufacturiers québécois


Louis Deschênes
Plus de la moitié des entreprises manufacturières au Québec ont vu leurs profits diminuer, dans les dernières semaines, afin d’absorber les droits de douane américains et canadiens.
Selon un sondage réalisé par Manufacturiers et Exportateurs Québec (MEQ), 56 % des entreprises questionnées ont subi une réduction de leurs marges et parmi celle-ci, 50 % pensent être capables d’encaisser le coup, mais pour un an tout au plus.
«Je ne suis pas encore alarmiste, mais il faut qu’on garde l’œil ouvert», affirme la présidente et directrice générale de MEQ Julie White.
Les contre-tarifs aussi viennent gruger dans les marges de profit alors que 51 % des entreprises sondées ont subi une augmentation de leurs coûts de production, notamment en raison de la taxe sur leur matière première en provenance des États-Unis.
En évolution
L’incertitude est encore présente, mais la situation a évolué selon les secteurs d’activités.
Certains entrepreneurs sont toujours frappés par les tarifs tandis que d’autres ont poussé un soupir de soulagement parce qu’ils sont moins affectés que ce qu’ils pensaient après les annonces improvisées de Donald Trump.
Mais surtout ce que Mme White constate chez ses membres, c’est qu’au début des menaces tarifaires, il y avait beaucoup de panique et maintenant les entreprises sont en mode solution.
Ainsi, 60 % des manufacturiers disent avoir procédé à une réorganisation des chaînes d’approvisionnement et environ la moitié des entreprises ont pu diversifier leur marché au Canada (59 %) et à l’international (47 %).
Pertes d’emplois
Jusqu’à maintenant, les grosses entreprises ont évité les licenciements massifs, mais la bataille est loin d’être gagnée.
Selon les données recueillies, 17 % des manufacturiers consultés ont subi des pertes d’emplois, mais 58 % pensent devoir en arriver là si l’incertitude se poursuit.
«Ce que j’entends, c’est on a mis du monde au chômage temporairement. Le premier choix ce n’est pas de mettre du monde à la porte. Ils les ont formés ces travailleurs, ils ont besoin de garder un maximum de production, mais c’est sûr qu’il y a des impacts sur l’emploi», observe Julie White.