Étalement urbain: choqués, les maires de Bellechasse réclament à Bruno Marchand des excuses


Stéphanie Martin
Des maires et un organisme économique de Bellechasse ont été outrés par des propos rapportés du maire Bruno Marchand sur l'étalement urbain et réclament des excuses.
«La MRC de Bellechasse et Développement économique Bellechasse demandent au maire de Québec des excuses officielles pour ses propos pour le moins choquants», écrivent-ils dans un communiqué publié jeudi.
Les élus et intervenants font référence à une citation prononcée lundi et diffusée ensuite sur les ondes radiophoniques. La phrase qui a mis le feu aux poudres est la suivante, a indiqué Alain Vallières, directeur de Développement économique Bellechasse [DÉB]: «Que Lévis se développe, je vous l'ai dit, j'ai aucun problème. Mais qu'on aille développer dans Bellechasse et qu'on augmente encore plus la distance d'auto que les gens feront dans 10, 15 ans, ça, je suis en désaccord.»
Troisième lien
Le Journal a assisté à cet échange entre les journalistes, lundi, durant lequel le maire dénonçait l'étalement urbain qui pourrait être causé par un éventuel troisième lien et qui aura un impact sur les changements climatiques.
La citation exacte est la suivante : «Lorsqu'on permet l'étalement urbain, on diminue notre capacité à agir sur les changements climatiques. Si le troisième lien arrive et qu'on n'est pas capable de ceinturer l'étalement urbain, et que Lévis se développe, je vous l'ai déjà dit, j'ai aucun problème. Mais qu'on aille développer dans Bellechasse, qu'on aille développer encore plus à distance, qu'on augmente la distance que les gens doivent faire avec leur auto, même si elle est électrique dans 10, 15 ans, ça a quand même de l'impact. Ça produit plus de problèmes que ça en règle.»
Droit au développement
Les intervenants de Bellechasse l'ont pris au pied de la lettre.
«On a le droit au développement nous aussi. C'est vraiment ça qui a heurté les gens de Bellechasse», a exprimé jeudi M. Vallières.
«Les élus de la MRC et le conseil d’administration de DÉB estiment que ces propos sont insultants et méprisants envers la communauté de Bellechasse. En s’exprimant ainsi, M. Marchand méprise le développement des régions et l’apport de celles-ci à l’économie provinciale.»
Ils estiment que le maire devrait être «prudent» et «adopter une attitude plus respectueuse» envers les employés de Bellechasse qui travaillent à Québec, surtout dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre.
Une lettre réclamant des excuses officielles sera envoyée au cabinet du maire, a confirmé M. Vallières.
Marchand réplique
Sur les ondes d'une radio de Bellechasse, le maire Bruno Marchand a regretté jeudi que ses propos aient été quelque peu «déformés» et a assuré qu'il n'est pas contre le développement de Bellechasse, une région qu'il connaît et qu'il «aime».
Mais il a souligné qu'un troisième lien qui permettrait à des navetteurs de s'établir encore plus loin et de continuer de voyager chaque jour à Québec ou Lévis aurait des effets néfastes sur l'environnement.
«Je ne m’excuserai pas de dire un fait que la science apporte : que l’étalement urbain, c’est un problème, dans notre capacité à régler nos enjeux de changements climatiques. Maintenant, que des gens choisissent Bellechasse, d’y habiter, d’y travailler et d’y vivre avec leur famille, c’est une bonne nouvelle. Occuper le territoire au Québec, c’est une bonne nouvelle. Mais quand on habite Bellechasse, et qu’on doit se déplacer tous les jours vers Québec et vers Lévis, il y a un coût écologique à ça.»