Les lucioles plus visibles passionnent les Montréalais
Des organismes font des sorties de recensement

Zoé Arcand
Les lucioles se font de plus en plus visibles dans le grand Montréal, ce qui ravive l’intérêt de la population pour cette bestiole lumineuse.
«Il y a quelques jours, je suis sorti me promener 10 minutes à Montréal et j’ai observé une soixantaine de lucioles. C’est vraiment magique de voir ça», se réjouit Étienne Normandin, président de l’Association des entomologistes amateurs du Québec.
Plusieurs remarquent davantage ces bestioles lumineuses, que ce soit devant les maisons ou dans les cours, les ruelles ou les parcs.

« Cette année, c’en est une bonne pour les lucioles », confirme Ana Livia Oliviera, doctorante en environnement à l’Université Concordia.
Repérer les lucioles en ville
Elle prend part hebdomadairement à des marches de repérage de lucioles organisées par Urbanature, un organisme qui fait de l’éducation environnementale en milieu urbain, principalement auprès de populations défavorisées.

Chaque mercredi depuis deux ans, avec une dizaine de jeunes et de moins jeunes, elle sillonne les quartiers de l’ouest de Montréal, le parc du Mont-Royal ou le parc Maisonneuve. Ensemble, ils recensent les lucioles et recueillent des données sur leurs habitats.
« C’est bien de voir les gens y porter attention, ça fait qu’ils s’intéressent à d’autres espèces et à la nature en général », célèbre Mme Oliviera.
C’est depuis 2023 que les deux experts notent une augmentation des observations de lucioles. Mais il est difficile pour eux de confirmer la hausse puisqu’il manque de données, déplore M. Normandin.
C’est ce qui l’a poussé à lancer l’initiative Cap sur les insectes, similaire aux marches d’Urbanature. En petits groupes, ils cherchent les coccinelles, les abeilles, les libellules, les lucioles et d’autres insectes.
Leurs observations sont ensuite documentées au moyen de l’application de science citoyenne iNaturalist.
« Et la participation est gratuite », souligne le passionné des insectes.
• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission de Karima Brikh, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Écosystème en santé
Il compte 19 espèces de lucioles au Québec, alors qu'on en dénombre 73 en Amérique du Nord. Il déplore que plusieurs d’entre elles, surtout celles présentes aux États-Unis, soient menacées d’extinction.
Les citoyens qui veulent contribuer au bien-être de cette espèce peuvent conserver les feuilles qui tombent à l’automne ou les empiler sur les plates-bandes après les avoir raclées.
Car, pour prospérer, les lucioles ont besoin d’humidité, notamment parce que leurs larves se nourrissent d’escargots ou de limaces, régulant ainsi la population de ces invertébrés.
Réduire la pollution lumineuse en éteignant les lumières ou en installant des luminaires à détecteur de mouvement peut aussi donner un coup de main. Car trop de luminosité empêche les mâles et les femelles de se reconnaître.
Apercevoir des lucioles n’est donc pas seulement bon pour le moral puisque leur présence est « un indicateur d’un écosystème en santé. Ce n’est pas mêlant, les lucioles se trouvent où il y a de la nature », tranche Étienne Normandin.