Les logements haut de gamme, eux, sont très disponibles...

Étienne Paré
Alors que les logements abordables se font rares à Montréal, un nombre record d’appartements haut de gamme sont toujours vacants au lendemain du premier juillet.
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« Habituellement, ces logements sont loués en bonne partie par des étudiants étrangers et des immigrants, mais il y en a beaucoup moins que d’habitude à cause de la pandémie », explique Behrooz Davani, courtier immobilier dans le chic secteur de Griffintown.
Courtier immobilier
À quelques pas de là, au centre-ville de Montréal, le taux d’inoccupation des logements dépassait les 10 % en janvier, soit plus du triple de la moyenne sur l’île de Montréal.
Et malgré le déconfinement, la situation aurait peu évolué depuis, s’il faut en croire les échos sur le terrain.
« Il doit y avoir environ 10-15 % des logements [milieu et haut de gamme] au centre-ville qui sont vacants à l’heure où on se parle », estime le courtier immobilier Denis Lefebvre.
Il constate que plusieurs logements dans Outremont, près de l’Université de Montréal, n’ont pas non plus trouvé preneur, faute d’étudiants étrangers.
Inabordables
On parle ici d’appartements relativement dispendieux, trop pour la plupart des familles modestes.
Un quatre et demi dans l’ouest du centre-ville, par exemple, peut aisément revenir à plus de 2000 $ par mois, une somme colossale quand on sait que le revenu médian des ménages de locataires à Montréal est inférieur à 39 000 $.
« La plupart des propriétaires vont préférer payer pour un loyer vacant pendant six mois [plutôt] que baisser le prix pour trouver un locataire, note M. Lefebvre. Avec un bail à rabais, ça deviendrait trop compliqué d’augmenter le prix après. »
« C’est indécent qu’il y ait autant de logements disponibles, au moment même où des familles doivent se reloger chez des proches parce qu’elles n’ont rien trouvé pour le 1er juillet », déplore Véronique Laflamme, la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
Déconnecté
Le gouvernement Legault a dernièrement bonifié les programmes d’aide offerts aux locataires dans le besoin, mais ces subventions restent largement insuffisantes pour leur permettre d’habiter dans les logements inoccupés des secteurs cossus.
Ce serait de toute manière une mauvaise idée de financer les locataires afin qu’ils aient les moyens de vivre dans les appartements vides du centre-ville, selon Mme Laflamme.
« Ce serait questionnable de subventionner avec de l’argent public des logements à 3000 $, alors qu’à la revente, les propriétaires engrangeraient tous les bénéfices », illustre la porte-parole du FRAPRU, qui voit plutôt dans la situation actuelle la preuve que le marché privé est déconnecté de la demande.