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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Simon Boulerice: les livres qui l’ont marqué

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Photo portrait de Karine Vilder

Karine Vilder

2021-07-03T05:00:00Z
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Faisant partie des chroniqueurs de l’émission Sucré salé, le comédien, metteur en scène et romancier Simon Boulerice va mettre du piquant dans notre vie tout l’été ! Mais on pourra aussi l’apprécier autrement, en découvrant ses principaux coups de cœur littéraires.

Avec quel livre avez-vous envie de commencer cette interview ?  

J’ai plus envie de la commencer avec un auteur qu’avec un livre. Michel Tournier est mon essayiste préféré. Si j’aime beaucoup ses romans et ses récits, comme Vendredi ou les limbes du Pacifique et Le coq de bruyère, j’adore ses essais. Le vent Paraclet et Le vol du vampire sont magnifiques, alors qu’il y a dans Célébrations une scène très drôle qui se déroule à Londres. J’aime la grande simplicité de Michel Tournier et sa façon d’analyser le monde autour de lui. Pour moi, c’est un grand observateur de la nature humaine. Comme il a commencé à écrire relativement tard, ce qu’il écrit semble toujours avoir été mûri. 

Vous pouvez maintenant nous parler des romans que vous avez particulièrement aimés au cours de ces dernières années ?

Je commence avec un essai qui s’intitule Maquillée. L’auteure, Daphné B., décortique beaucoup l’idée d’avoir un masque en partant de sa propre obsession pour le maquillage. C’est un essai hybride, parce qu’on est près de l’autofiction. Mais l’auteure parle aussi de notre époque de façon très touffue, très fouillée. C’est un livre éclairant qui devrait également être lu par les hommes et moi, il m’a bonifié. 

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Je poursuis avec Jonny Appleseed de Joshua Whitehead, dont la traduction en français vient d’être nommée aux prix du Gouverneur général. L’histoire se passe dans l’Ouest canadien et met en scène un autochtone qui a appris très jeune qu’il était gai et qui a décidé d’embrasser son unicité. Il y a dans ce livre une grande sincérité et c’est vraiment bouleversant. J’ai souvent pleuré et ri en le lisant. 

Ensuite, il y a Portraits d’illustres butchs d’Eloisa Aquino, qui a tout écrit à la main et qui a réalisé les dessins. Gertrude Stein, Martina Navratilova... C’est une sorte d’anthologie avec des femmes fortes, des femmes inspirantes qui est complètement passée sous le radar. J’ai trouvé ça passionnant. 

Je vais terminer avec Les noyades secondaires de Maxime Raymond Bock, un recueil qui contient la nouvelle qui m’a le plus touché au Québec. L’écriture est magnifique et Maxime a une acuité dans les relations humaines qui me plaît beaucoup. Pour moi, c’est un livre majeur. 

De mémoire, quel a été votre tout premier vrai, vrai coup de cœur littéraire ? 

J’avais 16 ans et j’étais en secondaire 5. Mon professeur de français m’a fait lire Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy. Ça a été le tout premier livre plus littéraire que j’ai lu. J’avais l’impression d’être face à un livre qui allait changer ma vie de lecteur. Quelle raconteuse ! J’ai découvert Saint-Henri grâce au roman sans savoir qu’un jour j’allais moi aussi vivre dans ce quartier, non loin de là où vivait Florentine. Par la suite, j’ai tout lu de Gabrielle Roy et le livre que j’ai préféré, c’est La détresse et l’enchantement, son autobiographie. J’aime son œuvre. Je sais que la jeune génération ne la lit pas beaucoup, et je trouve ça dommage.

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Et quel a été votre tout dernier coup de cœur ?

Là où je me terre de Caroline Dawson. Un récit absolument bouleversant qui raconte l’exil d’une petite fille de sept ans dont les parents ont fui le régime de Pinochet, au Chili. Pour un premier livre, c’est puissant et très touchant. Je pense que tous ceux qui le lisent peuvent ensuite comprendre de l’intérieur le vertige que ça représente, d’être déraciné.  

Peu importe où et quand il a été publié, est-ce qu’il y a un roman que vous auriez sincèrement aimé avoir écrit ?

J’irais avec toute l’œuvre de Michael Delisle. Dès les premières pages du Désarroi du matelot, je me suis dit : oh mon dieu ! Michael Delisle est un poète, un orfèvre de la langue qui embrasse sa québécitude. Pour moi, il est le décrypteur par excellence du monde ordinaire. Il ne fait jamais d’esbroufe et pourtant, il remporte tous les prix. Je me reconnais dans chacun de ses livres. 

Cet été, que comptez-vous absolument lire pendant vos vacances ?

J’ai une pile infinie de livres... Mais pour en nommer quelques-uns, je vais dire Bermudes de Claire Legendre et La joie discrète d’Alan Turing de Jacques Marchand, pour en savoir plus sur la vie de cet homme qui m’intrigue. 

Et que lisez-vous en ce moment ?

Une biographie d’Andy Warhol qui s’intitule Le renard blanc, de Jean-Noël Liaut. L’auteur a entre autres interviewé Ultra Violet, l’une des muses de Warhol, et plusieurs critiques d’art. J’en suis aux trois quarts et c’est passionnant. 

Avant de terminer, vous auriez quelques bonnes suggestions de romans jeunesse/ados ?

Enterrer la lune d’Andrée Poulin. C’est d’une grande poésie et ça part d’une réalité qui n’est pas reluisante : l’accessibilité aux toilettes ! Sinon, un de mes chefs-d’œuvre toutes littératures confondues, c’est Ferdinand F., 81 ans, chenille de Mario Brassard. 

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