Les juifs sont-ils en danger au Québec?
Le racisme antijuif serait-il devenu acceptable?


Richard Martineau
Je suis présentement à Paris.
Presque tous les médias français ont parlé de cet homme juif qui a été tabassé à Montréal en plein jour, devant ses enfants.
Des journalistes qui ont présenté cette vidéo terrifiante ont parlé d’agression antisémite.
Il est trop tôt pour faire une telle affirmation. On ne savait rien lundi des motivations de l'agresseur. Un suspect de 24 ans a été arrêté hier et l'enquête policière se poursuit.
Reste que ce n’est pas pour rien si les réactions sont si vives. Les actes violents qui visent la communauté juive ont explosé ces derniers mois.
Au Québec comme ailleurs...
VIVE L’AMALGAME!
Quand les journaux ont commencé à publier des reportages sur l’ingérence de la Chine dans la politique canadienne, les gauchistes ont crié d’une même voix: «Surtout, pas d’amalgame! Les Chinois ne sont pas tous des amis du régime de Xi Jinping!»
Quand les islamistes ont fait couler le sang à Charlie Hebdo, au Bataclan et à Nice, les gauchistes ont hurlé d’une même voix: «Surtout, pas d’amalgame! Les musulmans ne sont pas tous des islamistes!»
Mais les Juifs?
Tous dans le même sac!
Comme si la mise en garde contre les dangers de l’amalgame ne tenait plus.
Tu es juif? Tu es un colon, un tueur d’enfants palestiniens et un supporteur de Nétanyahou!
Allez, viens que je tague ton commerce et tire sur la porte de ta synagogue ou de ton école!
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Le racisme est répugnant. Sauf, semble-t-il, quand ce sont des Juifs qui en sont victimes.
Dans ce cas, c’est comme si ça devenait acceptable.
Si au moins c’était l’extrême gauche qui voyait un ennemi dans chaque Juif, on ne serait pas surpris.
Après tout, les extrémistes ont tous le cerveau bas et le verbe haut.
Mais non. Même la gauche «traditionnelle» est gangrénée par l’antisémitisme (qu’elle appelle «antisionisme», car le mot est moins plombé, plus fréquentable).
Tu es juif et blanc? Tu es nécessairement un raciste antiarabe à la solde de l’Occident capitaliste!
C’est con comme la pluie comme raisonnement, mais chez certains antiracistes, ça passe pour une analyse fine et sophistiquée du cul-de-sac hyper complexe qui enflamme le Proche-Orient depuis des décennies.
C’est dire à quel point le niveau baisse.
Même – et surtout – dans les universités.
SILENCE, ON TUE
Vous savez ce qui se passe au Soudan?
Probablement pas, car personne n’en parle.
Une terrible guerre civile met ce pays à feu et à sang depuis deux ans.
Près de 12 millions de personnes ont dû fuir le pays.
Des enfants d’un an ont été assassinés. Des nourrissons ont été matraqués à mort.
Des milliers de femmes ont été violées et mutilées. Des fillettes de 10 ans, des grands-mères de 70 ans.
Violées et tuées devant leurs parents, leurs enfants.
Entendez-vous la gauche dénoncer ce massacre, qualifié de «génocide» par Human Rights Watch?
Non.
Car cette guerre civile oppose des Arabes (les agresseurs) et des Noirs (les agressés).
Deux groupes considérés comme «opprimés» par la gauche antiraciste!
Alors qu’au Proche-Orient, c’est simple.
D’un côté, il y a les «méchants» Blancs.
De l’autre, les bons «Arabes».
Facile de dire qui sont les salauds, non?