Les joueurs du CH doivent se regarder dans le miroir

Jean-Charles Lajoie
Ce que Martin St-Louis a dit après une autre sortie hasardeuse de son club en Californie, c’est que ses joueurs doivent faire l’exercice de se regarder dans le miroir.
Que trop de ses joueurs semblent convaincus qu’ils ne font pas partie du problème, qu’ils sont à la bonne place et qu’ils font les bonnes choses.
Pourtant, si c’était le cas, Montréal ne viendrait pas de subir six défaites à ses sept derniers matchs. Sa seule victoire serait peut-être plus significative que de battre les Sharks de San Jose dont l’intention ferme est de repêcher premier en juin prochain.
St-Louis a parfaitement raison. Les athlètes professionnels, comme tous les citoyens en général, devraient faire l’exercice quotidien de se regarder dans le miroir et de se parler dans la face.
Pas de demander à son reflet qui est le plus beau ou la plus belle. Non. De faire son autoprocès plutôt que son autoportrait. Le faire le plus honnêtement possible.
Je me demande ce que Patrik Laine se serait dit en pleine face, mercredi soir, devant le miroir. Mais je me demande aussi ce que St-Louis se serait dit à lui-même en pareille circonstance avant d’aller essayer de trouver le sommeil.
À l’évidence, rien n’est parfait actuellement chez le Canadien. La confiance compte énormément dans l’équation de la faillite du projet d’entrer en séries dès ce printemps.
Cette arrogance contagieuse portée par des victoires impressionnantes survenues grâce à du jeu inspiré semble être complètement disparue. Le groupe est à plat et apparaît comme étant dénudé de toutes solutions afin de secouer sa torpeur.
Le trou se creuse sous nos yeux et on dirait que tout le groupe est tombé dans les sables mouvants. Ils calent lentement, mais surement... c’est un supplice pour les yeux. Et, j’admets que la confiance joue pour beaucoup dans la balance.
Quand une équipe gagne, on vante le leadership parce que tout le monde en a en pareilles circonstances. C’est lorsqu’un club plante en pleine face que tu reconnais alors les vrais leaders, la vraie valeur de ton leadership.
Les preuves s’accumulent et démontrent que le leadership du CH est de faible à très faible. Il y a des leaders dans ce groupe, aucun doute sur ce point. Mais il n’y en a pas assez. Je pense aussi que les meilleurs leaders de cette équipe sont des meneurs silencieux, des forces tranquilles.
Ce ne sont généralement pas eux qui vont sonner le cadran réveil et par la suite sur la glace. Une performance comme celle de Kaiden Guhle peu de temps avant sa blessure, lui qui avait retourné dans leur slip coquille à peu près tous les joueurs des Rangers de New York le 19 janvier dernier.
Guhle a inspiré tout le monde ce soir-là, il s’est tenu debout et le C a battu les «Blue Shirts 5 à 4. Il savait que la défaite encaissée 24 heures plus tôt à Toronto avait fait mal, il savait que lorsque tu perds une avance de 3 à 0, que tu encaisses sept buts de suite et qu’à la fin d’une soirée si bien commencée tu as mangé une sévère volée, ça laisse des traces. Le jeune et déjà grand leader a fait sa large part pour effacer le cauchemar de Toronto de la mémoire de sa bande.
Je pense que le Canadien manque de Kaiden Guhle, de ce type de leader qui comprend l’importance d’agir sans délai afin d’éviter les revers répétitifs, les mauvaises séries de défaites qui laissent des traces sur un jeune groupe en apprentissage.
Parions qu’après la débâcle de Toronto, Guhle ne s’est pas menti en se regardant dans le miroir avant d’aller se coucher. D’autres auraient intérêt à faire de même dans cette équipe.