Les jeunes officiers de West Point affichent une réserve toute militaire face au discours de Trump
AFP
Casquette rouge MAGA et improvisations pour Donald Trump, casquettes blanches et protocole réglé au cordeau pour les jeunes officiers. La remise des diplômes samedi à West Point illustre l’opposition de styles entre le commandant en chef et la fine fleur de l’armée américaine.
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Lors d’un discours de près d’une heure devant les officiers tout juste diplômés de la prestigieuse académie militaire près de New York, le président américain a fustigé l’interventionnisme militaire de ses prédécesseurs, républicains comme démocrates, notamment en Afghanistan et en Irak.
Coiffé d’une casquette libellée de son slogan «Make America Great Again» (MAGA, «Rendre sa grandeur à l’Amérique»), il s’est également targué d’avoir permis aux forces armées de se recentrer sur leur «mission essentielle d’anéantir les ennemis de l’Amérique» en éliminant de leurs préoccupations les questions d’inégalités raciales ou de genre, qu’il a qualifiées de «diversions».
Donald Trump s’exprimait à trois semaines du défilé militaire qu’il a ordonné pour célébrer les 250 ans des forces américaines, le 14 juin, date de son 79e anniversaire.
L’un des officiers diplômés, George Montras, 23 ans, a dit à l’AFP avoir apprécié les passages de ce discours décousu portant sur l’importance de «gagner».

«Gagner est vraiment important ici, que ce soit au sport, dans les études, de quelque manière que ce soit», a-t-il souligné.
Le jeune militaire s’est en revanche montré circonspect sur le caractère inhabituellement politique pour un discours présidentiel aux troupes, estimant que «c’est bien sa marque de fabrique».
«Libéré nos troupes»
«Le métier des forces armées américaines n’est ni d’organiser des drag shows (spectacles de drag queens, NDLR) ni de propager la démocratie par la force des armes», a asséné Donald Trump.
«Nous avons libéré nos troupes d’enseignements politiques dégradants et qui divisent», s’est-il félicité.

«La théorie critique de la race ou du "transgenre pour tous" ne seront plus imposés à nos courageux hommes et femmes sous l’uniforme. Ni d’ailleurs à qui que ce soit d’autre dans ce pays», a-t-il affirmé.
La théorie critique de la race est la discipline qui étudie l’impact des inégalités raciales dans le fonctionnement des institutions américaines.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a notamment signé un décret présidentiel déclarant «illégaux» les programmes et politiques de «DEI» (Diversité, équité, inclusion), promouvant l’égalité des chances, ainsi qu’un autre excluant les personnes transgenres des forces armées.

Comme lors des rencontres de sa campagne électorale, Donald Trump a soulevé des applaudissements et quelques acclamations dans l’assistance en réitérant son opposition à la participation des personnes transgenres aux compétitions sportives féminines.
Une lieutenante-colonelle du corps des aumôniers a expliqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que cette journée était dédiée à la «joie de servir sous les drapeaux».
Elle a jugé «très encourageant» que le président insiste sur l’importance des forces armées, sans se prononcer sur les passages plus polémiques de sa harangue.
Kahena Wilhite, 22 ans, venue pour la remise de diplôme d’un ami, malgré 286 heures d’arrêts disciplinaires, a en revanche critiqué les propos de Donald Trump. Selon elle, des membres de minorités, notamment noires, ont quitté les lieux pendant le discours en signe de protestation.