Les jeunes ne sont pas désengagés. Ils sont désabusés. Il est temps d’agir.

Rudy Humbert, Directeur général RCJEQ
Plus de 5000 jeunes du Québec ont levé la main. Ont pris la parole. Ont nommé leurs réalités, sans filtre. Ce n’est pas rien. Et dans le contexte actuel, ce n’est pas banal.
À travers MaVoixCompte, une vaste consultation menée dans les 17 régions du Québec, une jeunesse profondément concernée par son avenir s’est exprimée. Elle nous parle de logement inaccessible, de santé mentale fragile, d’inégalités criantes, de climat anxiogène et de difficulté à joindre les deux bouts. Mais surtout, elle nous dit ceci: «On ne se sent pas écoutés. On ne se sent pas considérés.»
Dans une société qui devrait placer les jeunes au cœur de ses priorités, ces constats devraient provoquer un électrochoc. Car comment parler de démocratie vivante, de cohésion sociale ou de transition écologique si toute une génération se sent mise à l’écart?
Un cri d’alarme étouffé
- 90% des jeunes affirment avoir de la difficulté à trouver un logement abordable et de qualité.
- 1 jeune sur 5 a déjà vécu sans logement stable.
- Près de 1 sur 5 fait face à l’insécurité alimentaire.
- 29% évaluent leur santé mentale comme mauvaise.
- 66% doutent de leur capacité à avoir un impact sur la société.
Et ces chiffres sont encore plus élevés pour les jeunes accompagnés dans les Carrefours jeunesse-emploi (CJE) – souvent plus vulnérables, plus isolés, plus en marge.
Ce n’est pas du désengagement. C’est un décrochage social.
Cette fracture entre les discours et les gestes, entre les promesses et les politiques, alimente un cynisme rampant. Ce cynisme n’est pas une faute. Il est une défense. Il est le fruit d’un système qui donne aux jeunes un micro, mais rarement une place à la table des décisions. Le fruit d’une logique administrative sans vision qui exclut des milliers de jeunes des services publics et sous-finance les organismes qui leur sont dédiés.
Le danger n’est pas seulement que les jeunes s’en fichent. Le danger est qu’ils perdent espoir que ça change.
Il est temps de répondre à l’appel
Le mouvement MaVoixCompte est un outil. Un point de bascule. Une preuve que les jeunes sont prêts à s’impliquer, à s’exprimer, à bâtir. Mais ils ne peuvent le faire seuls. Ils ont besoin:
- d’un accompagnement humain, enraciné dans leurs réalités;
- d’un accès équitable à l’éducation, aux soins, au numérique;
- d’un environnement viable, et des moyens d’agir pour le préserver;
- d’un logement décent;
- d’un espace politique réel pour faire entendre leur voix.
Les jeunes ne demandent pas l’impossible. Ils demandent qu’on prenne leurs réalités au sérieux. Que le Québec investisse dans ceux et celles qui en assureront la relève demain.
Les jeunes sont prêts.
Le Réseau des carrefours jeunesse-emploi est prêt.
Le moment, c’est maintenant.
À nous, collectivement, d’en faire une véritable priorité politique.
Rudy Humbert
Directeur général
RCJEQ