Les jeunes boudent la culture québécoise: «Il ne faut pas s’avouer vaincu» – Michel Rivard


Cédric Bélanger
«Je suis un indécrottable optimiste.» Malgré la publication récente de données alarmantes montrant que nos jeunes consomment très peu la culture québécoise, Michel Rivard refuse de baisser les bras.
Oui, il est inquiet, mais «il ne faut pas s’avouer vaincu», a-t-il affirmé lors d’un entretien avec Le Journal, jeudi, à l’Agora du Port de Québec.
Michel Rivard, qui participera justement vendredi au spectacle L’été de mes chansons lors de la soirée d’ouverture de la SuperFrancoFête, estime que la musique québécoise mise sur une «relève extraordinaire».
Il cite les Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy et Hubert Lenoir, avec qui il partagera la scène vendredi.

Encore faut-il que les jeunes le sachent. On fait comment? Il suggère de s’inspirer du Festival en chanson de Petite-Vallée et de passer par le système scolaire.
«À chaque année, il y a un artiste passeur et les élèves de toutes les écoles, dans un rayon de plusieurs kilomètres autour de Petite-Vallée, apprennent ses chansons. Puis, 300 jeunes les interprètent lors d’un spectacle durant le festival.»
«Après, dit-il, ils aiment ça et reviennent durant les années suivantes. Ils connaissent les chansons de Piché, Séguin, Rivard, Diane Tell, etc. Ça fait partie de leur culture. Ils ont appris et se sont fait expliquer l’importance de ces chansons.»
Par la famille
Ariane Moffatt n’a pas été surprise d’apprendre dans l’étude que l’Institut de la statistique a publiée lundi qu’à peine 4% des 15-29 ans écoutent surtout de la musique québécoise. «Ça fait des années que ça va dans ce sens.»
L’arrivée des plateformes comme Spotify, bien qu’elles soient attrayantes, a nui. «On s’est laissé embarquer dans quelque chose qui évinçait complètement le fait que nous sommes une province francophone. C’est un raz-de-marée qui a dévié l’attention des jeunes vers autre chose et on a un peu laissé tomber notre culture.»

Intéresser les jeunes à notre culture, ça passe notamment par la famille, dit-elle, en donnant l’exemple de son propre fils.
«Il connaît tout par cœur, de Lou-Adriane à Klô Pelgag, Ariane Roy et Rau_ze. Ce sont des artistes qu’il connaît, qu’il écoute et qu’il aime.»
Non aux médias traditionnels
Afin de rejoindre le plus de jeunes possible, le fondateur de la SuperFrancoFête a refusé d’accorder la priorité de la diffusion du spectacle L’été de mes chansons aux médias traditionnels, malgré les offres qu’il dit avoir reçues.
«C’est une décision d’entreprise de faire en sorte que ce soit disponible sur les réseaux sociaux en direct vendredi. On a décidé d’aller sur les champs de bataille qu’utilisent les jeunes: Instagram, Facebook, YouTube, les médias sociaux de la SuperFrancoFête, mais aussi tous ceux des artistes qui participent au spectacle», indique Sylvain Parent-Bédard.
Ce dernier exhorte «l’industrie, les gouvernements, les intervenants et les joueurs d’impact» à revoir la manière de diffuser la culture. «On doit s’adapter», martèle-t-il.
«Les jeunes s’intéressent à notre culture, mais d’une autre façon. Malheureusement, on persiste et on signe avec des méthodes d’il y a 25 ans. Les jeunes nous disent: on est rendu là. Moi, j’oserais dire à l’industrie: nous sommes encore en retard.»
Célébration de 50 ans de musique québécoise, le spectacle L’été de mes chansons sera présenté vendredi, à l’Agora de Québec, à 20h30.
Les invités sont Michel Rivard, Mara Tremblay, Damien Robitaille, Ariane Moffatt, Pierre Lapointe, Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy, Lydia Képinski, Naomi, Les Louanges, Pierre Kwenders, Mon Doux Saigneur, Rau_ze, Matiu et Hubert Lenoir.