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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Les jeunes acteurs d'ici mettent-ils en péril leurs études au profit du jeu?

Illustration Adobe Stock
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Photo portrait de Sarah-Émilie Nault

Sarah-Émilie Nault

2023-04-26T18:14:38Z
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Coachs, tuteurs ponctuels ou réguliers, programmes d’études pour les acteurs, règles de présence à l’école : les enfants artistes sont bien encadrés. Les parents, les agents et les équipes de productions de ces jeunes acteurs ne permettraient pas qu'ils mettent leurs études en péril au profit du jeu.

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« Il faut que l’enfant aille bien à l’école, car le jeune acteur manque souvent des journées d’école. J’ai aussi besoin de savoir qu’il est capable d’écouter les consignes. Il doit être à l’écoute », affirme d’emblée Shanda Pall, fondatrice de l’agence Agence Flos et marmots qui représente, notamment, le jeune Joey Bélanger. 

À noter que projet de loi du ministre Boulet encadrant le travail chez les enfants ne s’applique pas dans le domaine de la production artistique (arts visuels, cinéma, disque, littérature et métiers d’art et de la scène. 

Plusieurs règles ont été mises sur place pour aider les enfants acteurs dans leurs études. 

La convention de l’UDA stipule que si un jeune manque deux jours d’école de suite pour cause de tournage, la production doit lui fournir un tuteur. Ce qui est souvent le cas pour un enfant qui joue dans une quotidienne. 

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« Même s’il travaille, l’enfant doit continuer à faire son programme d’étude », poursuit Shanda Pall. Il est très rare qu’un enfant doive dépasser cinq jours de tournage et c’est tant mieux, car cela est très demandant. »

Le parent du jeune acteur peut rester sur le plateau lors du tournage, ce qui est préférable lorsque l’enfant est très jeune. Lorsqu’un coach est présent sur le plateau pour l’enfant, son rôle est d’aider le jeune à pratiquer ses scènes et de faire le lien entre le réalisateur et l’enfant. Le parent est donc sur place pour agir à titre de parent.  

Divers parcours

Il existe presque autant de formules scolaires qu’il y a d’enfants acteurs. La jeune Juliette Aubé (L’œil du cyclone 2 et 3) est en 6e année à l’Académie Lafontaine où lui est proposé un programme pour jeunes artistes. Ses enseignants savent qu’elle travaille comme comédienne et lui ont préparé un « iPad Juliette » pour effectuer ses travaux scolaires. Elle explique avoir parfois des cours privés payés par la production, lorsque cela est nécessaire.

Juliette Aubé
Juliette Aubé Photo Agence QMI, Mario Beauregard

Lilou Roy-Lanouette (Rodéo, L’œil du cyclone 1) fréquente également une école offrant un programme pour les jeunes acteurs. Une tutrice (payée par la production lors des tournages) est aussi présente lorsqu’elle a besoin d’aide pour se rattraper dans les matières scolaires plus difficiles. 

Lilou-Roy-Lanouette
Lilou-Roy-Lanouette Photo Agence QMI, Thierry Laforce

Une tutrice vient aider le petit Alexi Robidoux (Léo) tous les mercredis à la maison lorsqu’il manque des journées d’école pour tourner. Joey Bélanger (L’œil du cyclone, Coco ferme), qui est en 6e année, fait quant à lui l’école à la maison avec sa mère, qui est éducatrice. Il souhaite apprendre la musique lorsqu’il sera au secondaire. 

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Photo Agence QMI, Mario Beauregard
Photo Agence QMI, Mario Beauregard

Être connu

Si les élèves fréquentant les jeunes acteurs sont généralement intrigués par leur quotidien différent et glamour, il arrive que certains comédiens soient victimes de jalousie ou d’intimidation, ce qui avait été le cas pour la toute jeune actrice Émilie Bierre (Les beaux malaises) au début de sa carrière.  

« Cela peut arriver [...], confie Shanda Pall. Un jeune qui se fait voir à la télévision peut susciter de la bienveillance, mais aussi de la jalousie. Certains jeunes ont même dû changer d’école. » 

« Le fait d’être connu, il faut en parler, en discuter, pour que le jeune comprenne qu’il peut se faire arrêter dans la rue et que les autres jeunes et les professeurs vont lui en parler, dit-elle. On leur conseille de sourire, de dire bonjour, d’être polis et d’accepter que cela arrive. »

Une chose est sûre, tous les enfants acteurs interviewés préfèrent rester discrets à propos de leur carrière et de leurs projets. Spécialement quand ils sont dans leur cadre scolaire. 

« Je suis en secondaire 2 et mes amis ont su que je faisais de la télé seulement en secondaire 1, explique Malick Babin (Les bracelets rouges). Mais ils savent que je n’aime pas trop parler de ça. » 

« Je veux que mes amis m’aiment pour ma personnalité et non parce que je fais de la télé », ajoute Juliette Aubé (L’œil du cyclone 2 et 3). 

Quelques règles

En 2015, l’UDA a mis en place le fonds enfants artistes membres stagiaires de l’Union (rôles, voix, publicités). Un quart du cachet de l’enfant y est déposé, ce qui constitue une protection financière pour l’enfant qui pourra toucher son argent à l’âge de 18 ans.

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  • Les chèques sont toujours émis au nom de l’enfant. L’idéal est que celui-ci possède un compte bancaire à son nom.
  • L’agence d’artiste garde généralement 15 % du cachet de l’acteur.
  • Il n’y a pas de différence entre le cachet d’un adulte et celui d’un enfant. Les cachets varient selon les projets et le rôle obtenu (série web, télévision, court ou long métrage). 
  • Les auditions, entrevues, essais de voix et de photographies, essayages de costumes, de maquillage et les réunions de production doivent se tenir après les heures de classe. 
  • Un service de tuteur est fourni à l’enfant qui doit travailler plus de 2 jours de classe consécutifs. 
  • La journée de travail d’un enfant de 2 ans ou moins est de 4 heures, d’un enfant de 3 à 6 ans de 6 heures et d’un enfant de 7 à 12 ans de 8 heures, à l’exclusion des repas et de l’heure d’attente. 
  • Un parent qui accompagne un enfant de 4 ans et moins reçoit un montant forfaitaire de 50 $ par jour d’enregistrement. 
  • Avec l’accord d’un parent ou du responsable de l’enfant, un enfant de 7 à 12 ans peut faire jusqu’à 2 heures supplémentaires. 

(Sources UDA et agence Chantal Brossard)

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