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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Les infirmières du Québec convoitent de plus en plus l’Ontario

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Jadrino Huot

2021-02-05T17:44:49Z
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Le nombre de demandes d’infirmières québécoises souhaitant transférer leur permis d’exercice en Ontario a bondi de 62% au cours du dernier trimestre de 2020, des données qui portent un dur coup à un secteur déjà en manque de personnel. 

Selon des chiffres obtenus par l’Agence QMI, 76 demandes du genre ont été déposées auprès de l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario (OIIO) par des résidentes du Québec entre le 1er octobre et le 31 décembre 2020, comparativement à 47 pour la même période un an plus tôt.

En fait, près de 1350 infirmières enregistrées en ce moment auprès de l’OIIO travaillent en Ontario, mais possèdent une adresse au Québec.

Meilleures conditions

L’Outaouais se veut la région la plus durement touchée par ces mutations vu sa proximité avec Ottawa. Le Syndicat régional des professionnelles en soin de l'Outaouais a d’ailleurs comptabilisé 237 départs d’infirmières et d’infirmières auxiliaires, incluant 44 retraites, depuis le début de la pandémie en mars 2020.

«Nous en avons perdu des dizaines aux mains de l’Ontario, qui offre de meilleures conditions salariales et de travail», constate son président, Patrick Guay.

Par exemple, à l’Hôpital Montfort, principal centre hospitalier francophone à Ottawa, on estime qu’environ 40% des quelque 2000 employés habitent au Québec.

Pendant ce temps, le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) comptait 349 postes d’infirmières vacants au début du mois dernier.

Charge de travail

Au-delà de ces meilleures conditions, la charge de travail est considérablement plus lourde en raison de la pandémie. L’application de l’arrêté ministériel en Outaouais forçant les heures supplémentaires obligatoires, l’annulation de vacances et le délestage parachutant plusieurs employés dans des unités autres que celles propres à leurs champs de compétences ou d’intérêt en ont poussé plusieurs vers la sortie.

«La différence est flagrante», avoue d’entrée de jeu une jeune infirmière québécoise qui a entamé les démarches pour transférer son permis d’exercice en Ontario seulement huit mois après son embauche par le CISSSO.

«Le fait qu’il manque moins de personnel en Ontario, on est plus flexible, on s’adapte à ta situation. Je me sens plus écoutée, c’est plus humain», a ajouté celle qui préfère taire son nom, tout en précisant que sa rémunération est de 30% supérieure au premier échelon salarial.

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