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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Le fiasco SAAQclic nous coûtera encore plus cher qu’on pense

Photo Stevens LeBlanc
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Genevieve Abran

2025-06-02T16:05:25Z
2025-06-03T12:27:30Z
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Les 1,1 milliard de dollars injectés dans SAAQclic d’ici 2027 auraient-ils pu, et dû, être investis d’ailleurs? Quelles conséquences aura un tel fiasco, alors que de nombreux projets d’infrastructures doivent attendre en raison de l’état des finances publiques? On en a jasé avec trois experts.

• À lire aussi: La récup: on te résume le scandale SAAQclic pour comprendre ce qui se passe 

L’argent de SAAQclic aurait-il pu servir à reconstruire le nouvel hôpital Maisonneuve-Rosemont?

«On ne peut pas prendre l’enveloppe de SAAQclic pour l’envoyer dans les infrastructures pour l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. C’est séparé», affirme le professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique Jean-François Savard.

L’hôpital Maisonneuve-Rosemont.
L’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Photo d’archives, Agence QMI

«Ce n’est pas comme entre votre compte chèques et votre compte épargne. Vous ne pouvez pas juste transférer de l’argent comme ça», ajoute-t-il.

Le professeur Savard rappelle également que les 500 M$ de plus que coûtera SAAQclic représentent qu’une mince partie des dizaines de milliards de dollars nécessaires pour reconstruire un hôpital ou prolonger la ligne bleue du métro de Montréal, par exemple.

Il insiste finalement: le projet SAAQclic «était tout à fait justifié, c’est vraiment la façon de faire les choses qui a dérivé».

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Quels impacts à court terme?

Puisque c’est la SAAQ elle-même qui devra absorber les dépassements de coûts, Jean-François Savard s’attend à ce que les services à la population diminuent dans les prochaines années.

Quels impacts à long terme?

L’argent investi dans SAAQclic est de l’argent qui n’a pas été investi ailleurs, souligne le chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) Colin Pratte.

En repoussant la réalisation de grands projets, «la société québécoise se retrouvera à devoir rattraper des retards importants sur le plan du maintien des actifs, des infrastructures publiques», prévient-il.

Le chercheur évoque aussi des impacts sur les budgets de ces projets à venir.

Lorsque l’État attend trop longtemps pour mettre en chantier un projet, «les entreprises peuvent soumettre des prix très élevés» au moment des appels d’offres, explique-t-il.

Quels impacts pour la CAQ?

Le fiasco SAAQclic pourrait être le dernier clou dans le cercueil de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, avance Danielle Pilette, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM.

«Dans le secteur de la santé, le gouvernement peut toujours s’en tirer en disant que la responsabilité est partagée avec d’autres groupes. Mais là, la responsabilité est vraiment au gouvernement, qui aurait pu procéder autrement ou avoir moins d’ambition», estime-t-elle.

Le fiasco SAAQclic est une «grosse goutte de trop» qui risque de coûter cher à la CAQ lors des prochaines élections de 2026, prédit-elle.

Comment faire pour éviter un autre SAAQclic?

L’État québécois doit reconstruire son «expertise interne pour éviter que des situations ou des relations contractuelles avec des entreprises externes deviennent des gouffres financiers», soutient Colin Pratte.

«La commission Charbonneau avait conclu que les ministères et les sociétés d’État doivent faire attention à la sous-traitance. Lorsqu’il n’y a pas d’expertise interne sur les travaux qu’ils sous-traitent, ils deviennent très vulnérables à toute forme d’abus et de mauvaise gestion», rappelle-t-il.

«À terme, les conséquences sont celles d’un État qui devient de plus en plus incapable de mener à bien des projets publics sans qu’il en découle toute sorte d’irrégularités», conclut-il.

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