Les guerres civiles au Soudan
Agence France-Presse
Le Soudan, théâtre depuis le 15 avril de violents affrontements entre les forces de deux généraux rivaux, a connu depuis son accession à l'indépendance des décennies de guerres civiles et rébellions meurtrières.
Vous pouvez en apprendre davantage sur les répercussions de cette guerre au Soudan dans la vidéo ci-dessus.
La première guerre civile remonte à 1955 et la mutinerie de Torit, ville du Sud, plusieurs mois avant l'indépendance du pays (1er janvier 1956), jusqu'alors condominium anglo-égyptien.
À l'époque, les rebelles du sud à majorité chrétienne et animiste craignaient de tomber sous un autre joug, celui du nord arabo-musulman, en cas d'indépendance du Soudan uni.
Des accords en 1972 mettent fin à 17 ans de conflit, octroyant au Sud un statut d'autonomie.
Selon les estimations, environ 500 000 personnes sont mortes pendant cette première guerre civile nord-sud.
La dissolution du gouvernement semi-autonome du sud en 1983 par le pouvoir de Khartoum, qui instaure en septembre la charia (loi islamique) dans tout le pays, plonge le Nord et le Sud dans une nouvelle guerre civile qui fera deux millions de morts.
Après une mutinerie dans une garnison de Bor (sud), le colonel John Garang entre en dissidence et fonde en 1983 le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) et sa branche armée, la SPLA. Le mouvement recrute principalement chez les Dinkas, l'ethnie de John Garang, majoritaire au sud.
La guerre prend fin en 2005 avec la signature d'un accord de paix qui accorde au Sud une autonomie. À l'issue d'un référendum en 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance le 9 juillet.
Au printemps 2012, les relations entre Nord et Sud s'enveniment dans des zones frontalières riches en pétrole. Des combats opposent les deux armées.
À partir de 2003, la région du Darfour (ouest du Soudan) est secouée par un conflit opposant les forces soudanaises à des rebelles de minorités ethniques, provoquant plus de 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, essentiellement les premières années, selon l'ONU.
En 2009-2010, la Cour pénale internationale (CPI) lance deux mandats d'arrêt contre le président Omar el-Béchir, accusé de «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité», puis de «génocide» au Darfour. Renversé par la rue et l'armée en 2019, il n'a toujours pas été remis à la CPI.
Le 31 août 2020, le gouvernement et la majorité des groupes rebelles paraphent un accord de paix, signé début octobre à Juba.
La région a depuis été régulièrement le théâtre de violences tribales.
Actuellement, comme à Khartoum, des combats meurtriers s'y déroulent depuis la mi-avril entre l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan depuis 2021, et les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo.