Les gros morons moteurs avant Martin St-Louis
Le reportage de mon collègue Kevin Dubé publié lundi m’a mis le feu au derrière


Jean-Nicolas Blanchet
Le reportage de mon collègue Kevin Dubé publié lundi m’a mis le feu au derrière. Des dépisteurs expliquent que le Québec «perd de la crédibilité» en développant des joueurs plus petits et de finesse.
Ils expliquent que notre hockey ne développe pas assez «de gros bonshommes physiques et efficaces en échec avant».
Kevin a bien exposé à quel point les joueurs de petites tailles sont souvent ignorés par la LNH.
Depuis 2019, seulement 6,7% des joueurs repêchés dans la LNH mesuraient moins de 5 pi 10 po.
Les petits joueurs partent donc avec deux prises, peu importe ce qu’ils peuvent accomplir dans le junior. Et là, il faudrait même, au Québec, arrêter d’en faire des vedettes et s’assurer de mieux développer des gars physiques bons en échec avant?
Le gars fait un tour du chapeau, mais mesure 5 pi 9 po, on s’en fout. L’autre gros moron moteur fait 6 pi 3 po et a réussi à intercepter une passe, il mérite de l’attention. Je sais, j’exagère. En fait, j’espère!
Mais ça me décourage. Je trouve ça plate pour notre hockey. Et je sais que je l’air de faire du populisme en écrivant tout ça. Que l’establishment ou les francs-maçons du hockey me jugent en disant: «Pardonnez-le, il ne sait pas de quoi il parle». Comme si j’étais le fou du village contre la monarchie du hockey.
Qui veut-on voir?
Je m’égare un peu. Mais tsé veux dire. Ce sont des chandails de quels joueurs du Canadien que les fans portent? Ceux de Cole Caufield et Lane Hutson.
Mes neveux à la patinoire extérieure essaient d’imiter une feinte de Jack Hughes, et non un repli défensif de Jordan Staal.
Le meilleur joueur québécois des cinq dernières années, il n’est pas grand. Et il n’était quand même pas si pire, même en séries, même si c’est du hockey pour les gros bonshommes. C’est Jonathan Marchessault.
À 5 pi 8 po, Marcel Dionne n’était pas si pire, me semble. Daniel Brière et Martin St-Louis aussi. Pocket Richard et Yvan Cournoyer s’en sortaient bien contre les gros bonshommes.

Je vous entends: «Jean-Nic, tu exagères, tu parles de joueurs exceptionnels.»
Oui pis non. Je trouve quand même qu’il y a des préjugés envers les petits joueurs. Que des dépisteurs ont peur de se planter en choisissant un petit joueur et qu’ils se sentent moins mal de se planter avec un gros joueur.
Dach et Caufield
Il y a quand même 12 joueurs qui ont été repêchés avant Cole Caufield, même s’il avait tout détruit sur son passage. Kirby Dach n’avait rien cassé dans le junior, mais il mesurait 6 pi 4 po. Il a été choisi troisième. Vasily Podkolzin, un gros ailier droit, a été choisi avant Caufield. Il a 22 points cette année en 70 matchs à Vancouver.

Et 78 joueurs ont été repêchés avant Brayden Point. Il mesurait 5 pi 9 po à l’époque.
Même chose pour Lane Hutson, 61 gars ont été repêchés avant lui. Combien auront plus d’impact que lui parmi eux?
Oui, ce sont des joueurs d’exception. Mais beaucoup de grands bonzes du recrutement les trouvaient «trop petits». Et ils se sont plantés.
Comme si des dépisteurs évaluaient des moules et non des joueurs. Le moule Lane Hutson, on oublie ça!
Des choix gaspillés?
Dans les joueurs de 5 pi 9 po et moins repêchés depuis 2019, je suis allé voir la liste. Si les petits joueurs risquent de ne pas faire le travail dans la LNH, voyons voir si tant de choix ont été gaspillés.
Parmi les 63 joueurs de moins de 5 pi 10 po qu’on retrouve entre 2019 et 2021, il y a: Logan Stankoven, Matt Coronato, William Eklund, Olen Zellweger, Marco Rossi, Seth Jarvis, Cole Caufield, Nils Hoglander, Mavrik Bourque, Bobby Brink... ce n’est quand même pas si pire non?

Il y en a 15 autres qui ont joué dans la LNH ou ont déjà un rôle régulier avec leur équipe, comme Emil Andrae, Marc Del Gaizo, Brett Berard et Nick Robertson.
Je suis allé voir les gars de 6 pi 5 po ou plus qui ont été repêchés, et le taux de réussite n’est pas beaucoup plus grand: 8 joueurs sur 17 ont joué dans la LNH. Owen Power et Alex Vlasic sont les seuls qui sont des joueurs d’impact.
Si on commence à juger les joueurs pour ce qu’ils ne sont pas, on finira par passer à côté de ce qu’ils pourraient devenir. Et là, on en perdrait de la crédibilité.