Les glissements de terrain évoquent de vieux souvenirs douloureux à Rivière-Éternité

Vincent Desbiens
Les résidents de Rivière-Éternité ont cru revivre le cauchemar du tristement célèbre déluge du Saguenay quand des grêlons et un violent orage ont laissé sur leur passage 125 millimètres de pluie en moins d’une heure, samedi après-midi.
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Plusieurs dizaines d’entre eux ont dû être évacués par mesures préventives et d’autres ont vu leur demeure menacée par la hauteur des cours d’eau avoisinants.

Yves Dufour et sa femme vaquaient à leurs occupations quand «le plus gros orage qu’ils ont jamais vu» a frappé. Le couple venait tout juste de terminer son nouvel aménagement paysager quand il a dû rentrer sous la menace des intempéries.
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«On regardait ça tomber dans la rue en avant, c’était même plus des cordes, c’était des coups de canon. Puis là, on est allés en arrière et on a vu que l’eau était rendue par-dessus le ponceau et que la route était partie. On s’est ramassé avec de l’eau jusqu’au plafond dans le sous-sol. On a eu peur pour la maison», raconte M. Dufour.
Leur terrain de la rue Sainte-Thérèse a été complètement enseveli sous un à trois pieds de vase, selon l’endroit. Leur voiture, leur tracteur à gazon et leur motorisé sont également enlisés sous une épaisse couche de boue.
Christian Bergeron, qui habite à environ un kilomètre du cœur de Rivière-Éternité, a lui aussi craint pour son chez-soi.

Les autorités ont demandé à M. Bergeron et à sa femme d’aller se réfugier ailleurs pour la nuit puisque le niveau du Bras Benouche, un affluent de la rivière Éternité, menaçait un ponceau situé à quelques mètres de là. Ils sont donc allés chez leur fille, à La Baie.
«C’est pas mêlant, ça montait d’un pied à l’heure! Quand ils sont venus m’évacuer, j’étais en train de creuser des tranchées depuis une heure pour que l’eau de surface s’évacue et qu’elle rentre pas dans mon sous-sol», constate-t-il.
Ses beaux-parents de 88 et 91 ans résident juste de l’autre côté de l’endroit où la route 170 s’est affaissée samedi après-midi. Ils ont dû se rendre chez d’autres membres de la famille, à L’Anse-Saint-Jean, et doivent y rester jusqu’à nouvel ordre.
Pire qu’au déluge
Les trois résidents du Bas-Saguenay s’entendent pour dire qu’ils n’avaient jamais rien vu de tel, pas même lors du déluge du Saguenay, en 1996.
«Oui, au déluge, il est tombé plus de pluie, mais ça s’est passé sur plusieurs heures, voire plusieurs jours, soutient Yves Dufour. Là, c’est tombé tout d’un coup, et dans le temps de le dire, la rivière débordait.»
Ponceau bloqué
Le segment de la route 170 qui a cédé sous la pression de l’eau venait d’être terminé à l’automne 2022. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec (MTQ) a refait plusieurs tronçons de la route 170 qui en avait bien besoin.

D’après Christian Bergeron, un ancien camionneur qui a travaillé à la reconstruction de plusieurs routes après le déluge, le MTQ aurait dû modifier le ponceau qui s’est bloqué et qui a causé un débordement sur la chaussée depuis longtemps.
«Ils l’ont pas refait après le déluge, parce qu’il n’y a pas moyen de créer une voie de contournement sur le côté de la route. Là, la route est fermée et il en manque la moitié. Ils devraient prendre le temps de le refaire comme du monde, parce qu’il va y avoir le même problème éventuellement sinon.»
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