«Les gens sont souvent isolés avec leur problème»: quand dormir tourne au cauchemar
Les troubles du sommeil touchent des millions de Québécois


Éric Yvan Lemay
Il n’y a rien de mieux qu’une bonne nuit de sommeil pour se remettre sur pied. Pourtant, un Canadien sur deux dit avoir de la difficulté à bien dormir, un problème qui a des impacts importants sur la santé, mais également sur l’humeur.
«Le sommeil est peu valorisé. Pourtant, il peut être lié à des problèmes de santé comme la dépression, l’anxiété, le diabète, des accidents vasculaires cérébraux ou la démence», indique l’infirmière clinicienne Chantal St-Onge.

Selon elle, une bonne hygiène de sommeil est aussi importante que de bien s’alimenter ou de faire de l’exercice.
Pourtant, il n’y a jamais eu autant de gens qui peinent à bien dormir.
«Le manque de sommeil, on appelle ça une épidémie dans les sociétés occidentales», dit le Dr Alex Desautels, du Centre d’études avancées en médecine du sommeil (CÉAMS). Il indique que la nuit moyenne de sommeil a diminué de 1,5 à 3 heures depuis les années 30.

Dans les locaux du Centre affilié à l’Hôpital du Sacré-Cœur, lui et ses collègues viennent en aide à plus de 2500 patients par année (voir autres textes).
Le calvaire de l’insomnie
Pour un sommeil réparateur, il faut compter de six à onze heures de sommeil selon les personnes.
Or, environ un tiers des personnes qui ont des troubles du sommeil souffrent d’insomnie, soit une difficulté à bien dormir. Un mal dont il est souvent difficile de se débarrasser.
«Le sommeil, c’est comme un lâcher-prise. On ne se force pas à s’endormir», souligne Chantal St-Onge, qui agit comme ressource-conseil pour la Fondation du sommeil.
L’une des principales difficultés est d’arriver à «arrêter le hamster de tourner».

Selon elle, plusieurs trucs existent pour aider à tomber dans les bras de Morphée, mais il est inutile de s’acharner. Après trente minutes d’éveil dans le lit, il vaut mieux se lever et faire une activité calme qui favorisera l’état de somnolence.
S’endormir partout
Certains troubles du sommeil sont toutefois plus difficiles à traiter, que ce soit l’apnée du sommeil, le somnambulisme ou l’hypersomnie.
C’est d’ailleurs ce dernier trouble qu’a combattu pendant des années le président de la Fondation du sommeil, un organisme sans but lucratif qui milite pour de meilleurs soins.
«C’est comme si le cerveau tombe en mode sommeil un peu n’importe quand», illustre François St-Onge.
Pour éviter de tomber endormi, il a pris l’habitude de rouler en voiture la fenêtre ouverte, d’écouter de la musique ou de boire du café.
C’est toutefois un test à l’hôpital et une médication adaptée qui ont littéralement changé sa vie. Un soulagement puisque les gens atteints de ce trouble peuvent notamment se faire retirer leur permis de conduire en raison du risque qu’ils peuvent représenter.
S’il raconte aujourd’hui son expérience, c’est pour aider les autres à s’en sortir.
«Les gens sont souvent isolés avec leur problème», dit-il. Son organisation a notamment offert des formations aux soldats et dans différents milieux de travail.
- Vous pouvez devenir membre et faire un don au fondationsommeil.com.