«Les gens se dépêchent de venir au Canada»: des Haïtiens réfugiés aux États-Unis fuient Trump vers le Québec
Le Journal a rencontré des Québécois d'origine haïtienne qui sont allés chercher des proches à la frontière canado-américaine
Zoé Arcand
Des familles de Québécois d’origine haïtienne venues chercher leur famille aux douanes de Lacolle parlent d’une véritable course contre la montre pour fuir les États-Unis alors que Donald Trump menace de les chasser.
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Mardi, dans le stationnement de l’Hôtel St-Bernard, tout près du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, trois petits groupes attendaient des membres de leur famille initialement réfugiés aux États-Unis, qui ont traversé la frontière légalement la fin de semaine dernière.
«Les gens se dépêchent de venir au Canada parce qu’ils ne peuvent pas retourner en Haïti et que les États-Unis ne sont plus sécuritaires», explique Jean Garcia, un Montréalais qui est lui-même d’origine haïtienne. Arrivé au Québec il y a 31 ans, il travaille depuis 25 ans comme chauffeur de taxi.
Il accompagnait son cousin venu chercher un neveu. Âgé de 20 ans, ce dernier a fui la violence qui fait rage dans son pays pour se réfugier à Boston avec sa mère.
Le jeune homme a traversé les douanes ce week-end et est depuis logé à l’hôtel, le temps que son cas soit évalué.
Malgré le statut de ville sanctuaire de la capitale du Massachusetts, les Haïtiens ne sont plus en sécurité au sud de la frontière, estime M. Garcia.
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Encore Trump
Car le président américain menace de les renvoyer chez eux malgré la terreur causée par les gangs, puisque sa ministre de la Sécurité intérieure a révoqué le statut de protection temporaire accordé aux Haïtiens (TPS) sous la présidence de Joe Biden.

La date de fin de ce programme devait être le 2 septembre, mais a été repoussée au 3 février par un juge de New York, alors que la Sécurité intérieure «conteste vivement cette décision».
Peur de ICE
«Tout le monde est à la course pour sortir des États-Unis avant la fin du TPS. Selon moi, dès février, ICE [la police de l'immigration] va se mettre à cogner aux portes pour trouver des Haïtiens», s’inquiète M. Garcia.
Selon les échos qu’il entend du pays de l’Oncle Sam, «des agents de ICE non identifiés attendent les personnes qui sortent de rendez-vous avec l’Immigration et les enlèvent».
Et impossible de retourner chez eux puisque «Haïti, c'est devenu un véritable enfer».
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