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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Violence, intimidation et isolement: le quotidien des gardiens de prison au Québec

Une étude montre qu’un bon nombre d’entre eux vivent une très grande détresse morale

Martin Alarie / JdeM
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2025-07-23T23:00:00Z
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Des gardiens de prison victimes de violence physique, intimidés et abandonnés dans des situations dangereuses alors qu’ils ont appelé à l’aide, voilà à quoi ressemble le quotidien des agents correctionnels, selon une récente étude.

«La détresse morale est très présente dans ce milieu de travail. C’est pire si vous êtes homosexuel, autochtone ou issu de communautés racisées. Vous êtes souvent abandonné à votre sort par vos collègues et vos patrons», commente Denise Brend, professeure à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval.

Avec deux universitaires, elle vient de faire paraître les résultats d’une étude auprès de 77 agents correctionnels à l’emploi de prisons fédérales canadiennes, où sont incarcérés les détenus qui doivent purger des peines de deux ans et plus. Les résultats de cette étude démontrent qu’un bon nombre d’entre eux vivent une très grande détresse morale et n’ont pas suffisamment accès aux ressources d’aide.

«Les gestionnaires sont très souvent inadéquats», ajoute Mme Brend en précisant que de l’administration carcérale ne saisit pas bien l’ampleur de la situation.

Denise Brend est professeure à l’Université Laval. Elle a étudié la détresse morale chez les agents correctionnels du Canada.
Denise Brend est professeure à l’Université Laval. Elle a étudié la détresse morale chez les agents correctionnels du Canada. Denise Brend

Pas surpris

«Ces résultats ne m’étonnent pas! C’est l’écho qu’on entend du terrain», lance Frédérick Lebeau, président du Syndicat des agents correctionnels du Canada, qui regroupe 7400 professionnels au pays, dont 2200 au Québec.

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Pendant qu’il travaillait lui-même comme agent correctionnel dans une prison fédérale, il a assisté à des scènes de violence extrême, dont certaines mortelles. «Des gens qui s’automutilaient, se battaient et se suicidaient, il y en a eu plusieurs. C’est un climat extrêmement difficile à vivre», dit le représentant syndical.

Un exemple de cette violence est le cas de Sylvain Kabbouchi, un chef de gang de Laval assassiné dans sa cellule de la prison de Donnacona la semaine dernière. Selon les sources du Journal, il a été poignardé au visage et a eu la gorge tranchée. Il est décédé après avoir été transféré à l’infirmerie.

Sylvain Kabbouchi
Sylvain Kabbouchi Photo de courtoisie

Le syndrome de stress post-traumatique attend bien souvent les professionnels mal aimés du système carcéral qui assistent à ces scènes. Les sondages internes menés par son syndicat ont démontré dans le passé que 30% des membres vivaient des situations de détresse.

Plus de ressources

Pour la spécialiste en travail social et psychothérapeute Denise Brend, cette situation devrait être mieux comprise non seulement par les autorités carcérales, mais par la population en général.

«Nous sous-estimons l’importance de la souffrance vécue en prison, des deux côtés des barreaux», affirme-t-elle.

Les ressources d’aide doivent être plus nombreuses et mieux adaptées, donne-t-elle comme exemple.

M. Lebeau précise que c’est son syndicat qui a mis en place un système d’aide dans les prisons du Québec grâce à la participation financière d’une fondation en 2020. Les agents ont accès au service d’écoute 24h/jour de la maison La Vigile pour des problèmes liés à la toxicomanie.

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