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L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Résultats «inquiétants»: les futurs profs plus faibles en français

Alors qu’un nouvel examen est en préparation, les taux de réussite du TECFÉE à la première tentative sont en baisse

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2024-06-19T04:00:00Z
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Depuis la pandémie, les futurs profs sont plus nombreux à échouer à l’examen de français à la première tentative, selon les données obtenues par Le Journal. 

• À lire aussi: Feu vert à Antidote pour l’examen de français écrit pour les futurs profs

Cette baisse survient alors qu’une nouvelle version du Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) sera mise à l’essai cet automne, en version numérique, indique le ministère de l’Éducation.

Si Québec va de l’avant avec les recommandations du comité d’experts chargé de la révision de cet examen, le logiciel de correction Antidote pourrait être autorisé pour l’une des deux parties de l’examen, ce qui irait de pair avec un rehaussement du seuil de réussite, selon nos informations.

Ces modifications sont en branle alors que le TECFÉE cause de plus en plus de maux de tête aux étudiants en enseignement.

Selon des données provenant de quatre universités (voir détails plus bas), le taux de réussite à la première passation est en baisse depuis trois ans, une diminution qui peut être attribuable à la pandémie, indique-t-on dans le réseau universitaire.

Davantage de reprises

À l’Université de Montréal, le taux de réussite avant la crise sanitaire était d’environ 60%, alors qu’il est maintenant de 47% en moyenne depuis trois ans.

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«Depuis la pandémie, on remarque aussi une augmentation marquée du nombre de personnes devant faire plus de deux passations, notamment de celles devant faire au moins cinq passations du TECFÉE avant de réussir les deux parties», précise-t-on dans une réponse écrite.

La situation est semblable à l’Université Laval, où seulement 54% des étudiants ont réussi l’examen à la cinquième passation cette année, alors que cette proportion se situait plutôt à... 85% il y a deux ans.

Il s’agit de résultats «inquiétants», selon Ophélie Tremblay, qui était jusqu’à tout récemment directrice du Centre d’aide en français écrit et oral de l’UQAM.

Or, «la pandémie pourrait expliquer beaucoup de choses», indique-t-elle.

Les étudiants sont plus anxieux et moins à l’aise dans un contexte de groupe, remarque cette professeure en didactique des langues. «Il peut y avoir du stress lié à ça qui peut avoir une influence certaine sur la réussite de l’examen», affirme-t-elle.

Des lacunes en français, liées à l’enseignement en ligne et aux bouleversements causés par la pandémie, peuvent aussi être en cause, ajoute Mme Tremblay.

Plusieurs autres facteurs peuvent aussi influencer les résultats, qui varient d’une université à l’autre, souligne-t-on à l’ADÉREQ, l’association qui regroupe les doyens des facultés des sciences de l’éducation.

Les étudiants peuvent choisir de passer le test dès la première année d’études sans y mettre trop d’efforts, puisqu’ils auront plusieurs chances de reprises par la suite, alors que d’autres peuvent attendre l’année suivante, ce qui pourrait augmenter leurs chances de réussite lors d’une première tentative.

  • Écoutez le tour de l’actualité par Alexandre Moranville et Marianne Bessette via QUB :
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Un examen à revoir 

Le TECFÉE, qui a été conçu il y a plus de 15 ans, comprend présentement deux parties: la première prévoit la rédaction d’un texte de 350 mots, la deuxième est constituée d’une soixantaine de questions à choix multiples, portant sur des règles de grammaire et des mots de vocabulaire.

C’est la deuxième partie qui fait l’objet de plusieurs critiques dans les rangs des étudiants, qui remettent en question sa pertinence, puisqu’elle porte sur des mots de vocabulaire, des expressions ou règles de grammaire peu courantes, selon eux.

Les experts qui ont travaillé à la révision du TECFÉE espèrent justement que les changements à venir permettront aux étudiants de se réconcilier avec le français, si la nouvelle version est perçue comme étant plus pertinente et mieux adaptée à la réalité de l’enseignement.

«J’ai beaucoup d’étudiants très fâchés avec la langue, très dégoûtés du français à cause de ce test-là, affirme Ophélie Tremblay. Ça me brise le cœur parce que si on veut valoriser le français au Québec, on a besoin que nos enseignants, ce soit des gens qui aiment la langue et qui transmettent cet amour-là à leurs élèves.»

Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE)

Taux de réussite à la première passation:

Université de Montréal

  • 2021-2022: 47%
  • 2022-2023: 50%
  • 2023-2024: 44%

*Avant la pandémie, le taux de réussite se situait plutôt autour de 60%.

Université Laval

  • 2021-2022: 45%
  • 2022-2023: 47%
  • 2023-2024: 39%

Université du Québec à Chicoutimi

  • Avril 2022: 32,3%
  • Mai 2023: 30,9%
  • Mai 2024: 29,3%

Université du Québec à Rimouski

  • 2021: 25,3%
  • 2022: 27%
  • 2023: 23,3%

Note: Une demande d’information a été faite dans toutes les universités québécoises francophones offrant des programmes en enseignement, mais les autres établissements n’avaient pas répondu à cette requête au moment de publier ce texte.

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