Les fonctionnaires demeurent en télétravail à mi-temps: la superficie de quatre fois le Complexe G d’espaces de bureaux sera retranchée
Québec veut retrancher 40% des espaces de bureaux des fonctionnaires pour faire des économies


Geneviève Lajoie
Le télétravail est là pour de bon au gouvernement: aux prises avec un déficit record, Québec veut maintenant retrancher 40% de tous les espaces de bureaux des fonctionnaires pour faire des économies de loyer, soit l’équivalent de quatre fois le Complexe G.
Le symbolique édifice qui surplombe le centre-ville de Québec, dont le véritable nom est Marie-Guyart, compte 31 étages et renferme les bureaux de quelque 4500 employés de l’État. Le gouvernement Legault veut donc réduire son parc immobilier d’une superficie de 250 000m2.

Hérité de la pandémie, le travail hybride (combinaison de télétravail et de travail en présentiel) est maintenant roi dans la fonction publique québécoise. La politique-cadre adoptée par le gouvernement Legault prévoit que les employés de l’État peuvent bosser de la maison jusqu’à trois jours par semaine. Ils ne sont tenus de se rendre au bureau que deux journées.
Québec n’a donc pas suivi la voie empruntée par Ottawa. Depuis septembre dernier, les fonctionnaires fédéraux doivent se pointer sur leur lieu de travail un minimum de trois jours par semaine.
Le télétravail à mi-temps permet à l’État québécois de réaménager les espaces afin de tourner la page sur les «cubicules», ces mythiques postes de travail séparés par des paravents bruns. Mais surtout, il ouvre la porte à une réduction drastique du parc immobilier du gouvernement et des coûts qui y sont associés. Avec une telle opération, un retour en arrière pour le travail au bureau à temps plein serait presque impossible.
86M$ d’économies annuelles
L’an dernier, François Legault disait vouloir réduire de 30% les espaces de bureaux des fonctionnaires. L’objectif a été revu à la hausse. Et le contexte déficitaire n’y est pas étranger.
Le plan d’optimisation d’occupation et de coûts de loyer «est d’autant plus important dans le contexte actuel, car il vise à réaliser des économies importantes. L’objectif est de réduire de 40% la superficie du parc immobilier [...] en optimisant l’occupation des ministères et organismes, et en la concentrant principalement dans les immeubles en propriété», précise la Société québécoise des infrastructures (SQI).
La porte-parole, Anne-Marie Gagnon, souligne que les ententes de location intervenues il y a plusieurs années ne reflètent plus les prix du marché actuel. La SQI évite donc des hausses de coûts considérables en mettant fin à des baux. «Les économies annuelles et récurrentes estimées sont de l’ordre de 85,5M$ à compter de 2029-2030».
Mais il y a lieu de se méfier de cette volonté réaffirmée de réduire les espaces de bureaux et les coûts de loyer, si on en croit le dernier rapport de la vérificatrice générale. Guylaine Leclerc doutait de l’atteinte de la cible parce que seulement 7,2% des aires de travail devant être transformées l’avaient été.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Depuis 2018, au moins 50 millions $ ont été dépensés dans des projets de modernisation des bureaux, selon les chiffres de la SQI datant de l’an dernier. L’organisme public n’a pas été en mesure de nous fournir les montants à jour.
Cette cagnotte est toutefois bien parcellaire. Elle n’inclut pas les mégaprojets de réaménagement des deux plus grosses tours de bureaux, à savoir le fameux Complexe G et le 600, rue Fullum de Montréal, qui sont toujours à l’étape de l’étude.
Politique-cadre en matière de télétravail pour le personnel de la fonction publique québécoise
– Le télétravail s’exerce en mode hybride, pour une période maximale de trois jours par semaine, une présence équivalente à deux jours par semaine étant favorisée dans les locaux de l’employeur.
– Une prestation de télétravail supérieure à la période maximale de trois jours par semaine peut être autorisée dans des circonstances particulières.
– Le télétravail est basé sur le volontariat. Un employé ne peut être contraint de télétravailler, sauf lors d’une situation non prévue (circonstance ponctuelle) déterminée par la ou le sous-ministre.
Responsabilités de l’employeur
– Fournir au télétravailleur l’équipement et les accès aux infrastructures technologiques dont ce dernier a besoin.
– S’assurer que les tâches réalisées en télétravail ne compromettent pas la sécurité et la confidentialité de l’information.
– Analyser, s’il y a lieu, le risque lié au transport et à la conservation de documents papier et déterminer les mesures requises à appliquer.
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