Vol Sunwing, revenus d'OnlyFans non déclarés... les frasques d’influenceurs ont «tué» la réputation du métier


Elisa Cloutier
Les récentes frasques impliquant des influenceurs au Québec ont littéralement «tué» la réputation du métier, mais plusieurs souhaitent maintenant se «réapproprier» l'appellation controversée.
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C’est ce qu’estiment plusieurs influenceurs rencontrés par Le Journal.
Ils utilisent désormais le titre de «créateur de contenu» pour définir leur travail, afin de se «distancer» du terme d'influenceur, malmené dans les dernières années.
Pourtant, le terme «influenceur» n’est ni tabou ni «niaiseux», estime la créatrice culinaire Ève Martel. «Être influencé ne veut pas dire être manipulé. Un influenceur, c’est quelqu’un qui a une influence positive, qui peut influencer un comportement, un achat, une nouvelle habitude de vie, sans que ce soit nécessairement monétaire», poursuit-elle.
Scandales néfastes
Il suffit de rappeler notamment l’histoire des sœurs jumelles Massie en mars dernier, forcées de vendre leur maison après avoir omis de déclarer leurs revenus réalisés sur la plateforme de contenu érotique OnlyFans.
Le fameux party d’influenceurs dans un vol de Sunwing vers le Mexique, le 30 décembre 2021, en pleine pandémie, a aussi durement écorché la réputation du métier. Les images montrant des influenceurs buvant et fumant sans masque avaient d’ailleurs fait le tour du monde.

«Soudainement, être influenceur, c’est devenu juste des filles en bikini et des gars niaiseux. Mais ce n’est pas un concept nouveau. Gilles Latulippe, c’était un influenceur! Il faisait des pubs de bières, mais il était comédien», illustre Ève Martel.
Dans le même panier
Ces manchettes virales ont eu pour effet de généraliser à tort leur travail, en les mettant «tous dans le même panier», déplorent-ils. Plusieurs ont aussi senti une crainte de la part des annonceurs à la suite de ces événements.
«Si on associe tous les influenceurs aux dernières controverses, alors on devrait tous associer les animateurs télé à Éric Salvail», affirme l'influenceur Anthony Tran.
Le jeune homme de 23 ans s’est d’ailleurs récemment envolé pour le Mexique avec Sunwing, dans le but notamment de redorer l’image des influenceurs au Québec.
Gala d’influenceurs
C’est aussi pour cette raison que le créateur de contenu, suivi par plus de 283 000 abonnés sur TikTok, a mis sur pied le tout premier gala d’influenceurs l’an dernier. Le gala Influence Création regroupait 300 créateurs de contenu, divisés en 13 catégories.
«Je trouve ça injuste [le traitement réservé au mot “influenceur”] parce que ce n’est vraiment pas représentatif de toutes les personnes qui mettent de l’effort et qui essaient de faire ce métier, de vivre de cette passion», dit-il.
Loin de la controverse
Comme lui, plusieurs autres ne s’identifient en rien à ceux et celles à l’origine des récents scandales.
Il n’en demeure pas moins que ces scandales peuvent être «fâchants», nous dit-on.
«J’ai juste envie de répondre et dire: hey, moi, j’en suis une [une influenceuse] et je travaille très fort pour faire rouler mon entreprise. Et il y a du monde, tout comme moi, qui fait du beau travail aussi», mentionne Frédérike Lachance-Turcotte, fondatrice de Folks and Forks.
Le son de cloche est le même pour Sarah Couture, fondatrice des Trouvailles de Sarah. «Ça vient me chercher, ça me fâche. Je trouve ça aussi tellement dommage et triste. C’est tellement un bel outil, c’est une proximité avec mes abonnés», dit-elle.
Fier d’influencer en cuisine
Le son de cloche est le même pour le chef Laurent Dagenais, qui admet pour sa part être fier d’influencer les gens en cuisine. «Il y a des gens qui voient ma vidéo, qui vont prendre leur voiture pour aller au marché, acheter les ingrédients, revenir à la maison et faire ma recette, puis me l’envoyer. J’ai des gens qui m’envoient [des photos] d’Australie, du Japon, du Texas. Pour moi, ça vaut tous les abonnés du monde», dit-il.