Les familles avant la business, sa recette miracle pour recruter

Le patron d’une PME a réussi un tour de force en recrutant 130 nouveaux employés l’année passée, et ce malgré la concurrence des géants américains du numérique.

« Si les gens sont motivés, sont reconnaissants, ils sont 100 fois plus productifs que s’ils se sentent surveillés », lance Stéphane Garneau, président de Micro Logic.

Son entreprise, dont le siège social est à Québec, œuvre dans un secteur concurrentiel, les technologies de l’information. Pourtant, l’entrepreneur a réussi à augmenter de 60 % ses effectifs l’an dernier et compte tripler ce chiffre dans les prochaines années. 

Son credo : placer les familles qu’il fait vivre avant la business. C’est pour eux que l’entrepreneur dit se lever le matin.

L’homme explique s’être lancé en affaires pour offrir aux autres l’« emploi de rêve » que lui a été incapable de trouver.

Pour y parvenir, sa recette consiste à offrir à sa gang un projet stimulant et des conditions travail-famille « exceptionnelles ». 

Flexibilité, mais pas que...

Télétravail, flexibilité dans les horaires, fin de semaine allongée l’été... les avantages sont nombreux, et ce sans compromettre le droit à la déconnexion : interdiction de faire parvenir des messages après les heures de travail. 

Si elle offre la flexibilité voulue par les employés, Micro Logic n’en met pas moins l’accent sur la culture d’entreprise et les relations humaines. 

Les employés se rendent au bureau, ou au chalet, pour se rencontrer et faire des réunions d’équipe. Des activités familiales sont organisées, des sorties sont offertes. Et tous les vendredis, le président parle à ses employés en visioconférence.

« Ce n’est pas une réunion plate avec des chiffres, tient à préciser M. Garneau. Je parle à cœur ouvert, c’est comme si je prenais un café avec eux ».

« Prendre soin »

Au-delà de l’organisation du travail, c’est aussi l’empathie qui caractérise la vision du patron. 

« La notion de gestion, de prendre soin des employés n’est pas nécessairement innée pour tout le monde », rappelle M. Garneau. 

Alors pour s’assurer que tous ses employés se sentent bien, chaque gestionnaire chez Micro Logic a son propre partenaire en ressources humaines. 

Leur mission singulière : rendre l’expérience-employé heureuse.

Soucieux d’incarner avec sincérité ses valeurs familiales, M. Garneau sait si un employé a des difficultés personnelles et tient à faire parvenir un message de soutien de sa main. 

Ménager ses employés

Outre les petites attentions, un chef d’entreprise doit aussi savoir ralentir la cadence et ménager ses employés, estime M. Garneau. 

Il explique au Journal avoir décidé de reporter un projet pas plus tard que la semaine passée. 

« Être dans le rush tout le temps, ce n’est pas une bonne gestion, soutient le dirigeant. Ça veut dire qu’on ne considère pas les efforts requis pour arriver à notre objectif. Ça veut dire qu’on se fout un peu des épuisements qui vont arriver alors que c’est notre responsabilité ».

Et s’en rapprocher

Le dirigeant, qui a choisi de participer à la tournée sur la conciliation travail-famille menée dans les derniers mois par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), estime nécessaire pour les patrons et gestionnaires québécois de se rapprocher de leurs employés.

« Le plus grand objectif en ce moment c’est que l’employé se dise “j’ai une belle qualité de vie parce que je travaille chez vous”, estime l’homme. Ça fait du monde plus embarqué. » 

Les régions, le parent pauvre de la conciliation famille-travail

Une majorité de jeunes travailleurs en région sont stressés par la conciliation famille-travail et les employeurs auraient intérêt à en faire davantage en la matière, conclut l’étude menée dans les derniers mois par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ). 

« On a des régions qui subissent le contrecoup de la pandémie, de la pénurie de main-d’œuvre et du manque de places en garderie », souligne Pierre Graff, PDG du RJCCQ.

Si l’enjeu de la conciliation famille-travail est présent à l’échelle provinciale, c’est en région que la situation est la plus difficile, a pu constater le Regroupement à l’aide des rencontres et du sondage mené auprès des jeunes professionnels sur la question.

Un jeune parent sur deux vivant en région trouverait difficile de concilier travail et vie familiale. En moyenne au Québec, c’est près d’un sur trois. 

Sept jeunes professionnels sur dix en région ressentiraient une charge de travail accrue et de la pression quant au choix de ne pas s’absenter, source de stress dans leur vie quotidienne.

En parallèle, c’est en région que les employeurs offriraient le moins de flexibilité. 

Le télétravail y est offert à hauteur de 40 % en région contre 60 % en général au Québec, d’après les données du RJCCQ.

C’est pourtant une mesure plébiscitée par la vaste majorité des jeunes professionnels qui y voient l’occasion de mieux concilier famille et travail.

Ouvrir le dialogue

S’il comprend leur manque de temps et de ressources dans la situation actuelle, M. Graff encourage les employeurs à développer un dialogue constructif avec leurs jeunes employés sur cet enjeu.

« L’importance des communications est ressortie très forte », souligne-t-il, ajoutant que la recherche d’une conciliation famille-travail optimale et d’un équilibre de vie est un critère désormais incontournable pour les employés.

Le patron du Regroupement recommande aux entreprises de faire preuve de souplesse et d’adaptabilité. Il présente les mesures mises en place par Micro Logic, partenaire de leur tournée en région, comme « exemplaires ».

La conciliation famille-travail est importante pour la santé mentale et le bien-être des familles québécoises, mais « des employés heureux sont aussi plus productifs », rappelle M. Graff.

Une étude menée fin 2022 par Concilivi démontre que seulement un employeur sur cinq au Québec a mis en place des mesures formelles de conciliation famille-travail.