Les études supérieures sont-elles pour tout le monde?


Joseph Facal
En 2022, on a beaucoup parlé d’enseignement collégial, principalement pour déplorer les lacunes en français et en culture générale des jeunes cégépiens.
Certains proposent plus de mesures de soutien et d’accompagnement. Chez nous, c’est du langage codé pour baisser encore les exigences et les traiter comme des enfants.
D’autres proposent de répartir les élèves en classes fortes et en classes régulières. Il n’est pas vrai, disent-ils, que ceux avec des difficultés s’améliorent au contact des plus forts.
Radicale ?
J’ai un ami, prof au cégep, adepte d’une approche radicale.
Fixons des critères élevés à l’entrée, dit-il, et assumons tout simplement les conséquences.
J’écris cela et je réalise immédiatement que je qualifie de « radical » le fait d’accepter tout simplement que les études supérieures ne soient pas pour tout le monde.
Au Québec, c’est en effet une idée perçue comme « élitiste ». Aucun ministre de l’Éducation n’empruntera cette voie. Jamais.
La question se pose tout de même : et si on se racontait des histoires en s’imaginant que les études supérieures sont à la portée de tous (pourvu évidemment qu’on ne baisse pas continuellement les exigences afin de faire semblant que la réponse est oui) ?
Voici maintenant une histoire vraie.
Il y a quelques années, dans l’établissement universitaire où j’enseigne, on m’avait demandé de concevoir un cours d’introduction à la société québécoise pour des étudiants que l’on souhaitait mettre à niveau avant qu’ils commencent le premier cycle universitaire.
Je n’ai pas inventé la roue. J’ai proposé un survol des faits élémentaires de notre histoire.
Voici des extraits de réponses des étudiants (j’ai conservé les fautes) :
- « La crise d’Octobre est un fait saignant de la Révolution tranquille. »
- « Robert Bourassa implante au Québec la maladie universelle. »
- « Au 16ème siècle, l’Amérique devient la destination touristique préférée des grandes puissances, surtout que depuis peu, la terre est ronde ».
- « Ce n’est qu’après la Révolution tranquille que la loi 101 fut adoptée en 1967 par Bourrassa. Pendant cette période, le Parti Libéral Québécois commis des actes térrotiste, effrayant le reste de la population mais aussi le gouvernement. Jean Lesage ordona de les retrouver, ce fut un succes, car le FLQ existait depuis 1663. »
- « Nous savons que la plupart de la population québécoise est allophone, et que la plupart des jeunes optent pour des études supérieurs (sic) en anglais. »
Comme on dit, ce n’est pas parce qu’on rit que c’est drôle.
Perles
Évidemment, je ne prétends pas que les étudiants qui ont écrit cela sont un échantillon représentatif du niveau moyen.
C’est un peu mon équivalent du vox pop de Guy Nantel. Ce sont des perles choisies délibérément.
Mais il reste que ces étudiants existent bel et bien et se destinent à des études universitaires. Est-ce leur place ?
Je sais, je sais, une question taboue, comme tant d’autres dans notre système éducatif.
Chose certaine, le nivellement par le bas, on l’a essayé. On en voit les résultats.
Je vous souhaite une bonne année 2023.