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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Les États-Unis accusent Maduro d’être à la tête du «Cartel des Soleils», mais existe-t-il vraiment ?

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2025-08-28T18:02:52Z
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Les États-Unis accusent le président vénézuélien Nicolas Maduro d’être à la tête d’un réseau de narcotrafic, le « Cartel des Soleils », qui tirerait son nom d’un insigne de haut gradés vénézuéliens soupçonnés d’en faire partie. Mais des doutes émergent sur sa réalité. 

L’administration Trump vient de porter à 50 millions de dollars toute récompense permettant l’arrestation du président vénézuélien et a classé ce « Cartel des Soleils » (« Cartel de los Soles » en espagnol) sur une liste d’organisations « terroristes ».

L’armée américaine a déployé des navires de guerre dans les Caraïbes, dans les eaux internationales au large du Venezuela, au motif de lutter contre le narcotrafic international.

Des mouvements de troupes sur fond de rumeurs d’intervention américaine au Venezuela.

Nicolas Maduro nie de son côté tout lien avec le trafic de drogue, bien que deux neveux de son épouse aient été condamnés à New York pour trafic de cocaïne.

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Que disent les États-Unis ?

L’administration Trump a lancé en juillet une série de sanctions financières contre le « Cartel des Soleils » et l’a déclaré entité « terroriste », car « il fournit un soutien matériel aux organisations terroristes étrangères qui menacent la paix et la sécurité des États-Unis ».

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Elle fait concrètement référence au puissant cartel mexicain de Sinaloa et à celui vénézuélien du Tren de Aragua.

En annonçant la nouvelle récompense pour la capture de Maduro, le 7 août, le département d’État a associé le président vénézuélien à l’ancienne guérilla colombienne des FARC et à ses dissidences actuelles.

Cependant, dans le dernier rapport du département d’État sur les opérations antidrogues dans le monde — publié en mars —, il n’y a aucune mention du « Cartel des Soleils » ni de lien direct entre Maduro et le narcotrafic.

Ce « Cartel des Soleils » « est une invention de l’extrême droite pour renverser des gouvernements qui ne leur obéissent pas », a écrit le président colombien de gauche Gustavo Petro, plus proche de Nicolas Maduro que de Donald Trump.

Washington ne reconnaît pas la réélection de M. Maduro en juillet 2024 que l’opposition affirme avoir remportée. Sa dirigeante Maria Corina Machado soutient la position américaine contre le « système criminel » de M. Maduro.

Existe-t-il vraiment ?

« Il est difficilement envisageable que Maduro soit le chef de quelque chose qui n’existe pas », estime Phil Gunson, analyste chez International Crisis Group (ICG), selon lequel le « Cartel des Soleils » « est une fable ».

« Il ne fait aucun doute qu’il y a une complicité entre des individus liés au pouvoir et le crime organisé », estime-t-il, interrogé par l’AFP, « mais des preuves directes et irréfutables n’ont jamais été présentées ».

Le terme « Cartel des Soleils » — du nom des épaulettes des généraux vénézuéliens ornées d’un soleil doré dont le nombre augmente à mesure que le rang s’élève — est apparu dans la presse en 1993, six ans avant l’arrivée au pouvoir de l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013). Il s’agissait alors d’une affaire impliquant deux généraux visés par une enquête pour trafic de drogue, indique le cercle de réflexion Insight Crime.

Insight Crime précise que ce terme a gagné en notoriété à mesure qu’émergeaient des accusations de liens entre des membres du gouvernement, comme le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello, et des guérillas colombiennes, pour l’organisation du transit, sous protection militaire, de cocaïne sur le territoire vénézuélien.

Une excuse pour une intervention ?

Les analystes considèrent le scénario d’une intervention américaine peu probable. « Si le gouvernement Trump voulait vraiment provoquer un changement de régime », il miserait sur une « action surprise », estime Mariano de Alba, avocat spécialiste du droit international.

Les dernières interventions américaines sur le territoire de pays souverains d’Amérique du Sud remontent à 1983 sur l’île de Grenade — pour renverser un gouvernement marxiste au motif de protéger les citoyens américains et de contrer l’influence soviétique — et en 1989 au Panama pour renverser le gouvernement de Manuel Noriega pour empêcher une possible violation de la neutralité du canal de Panama et en raison du rôle présumé du dirigeant dans le trafic de drogue.

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