Les États Désunis


Denise Bombardier
La terre tremble au sud du Canada alors que se déroulent aujourd’hui les élections de mi-mandat aux États-Unis, pays qu’il faudra peut-être débaptiser, quel que soit le parti qui va revendiquer la victoire.
En effet, une partie très importante des électeurs républicains, qu’ils votent ou non, nieront les résultats si les démocrates de Joe Biden remportent cette épreuve.
Si la Chambre des représentants et le Sénat passent sous le contrôle des républicains, les deux prochaines années seront décisives. La voie sera ainsi pavée pour Donald Trump, déjà enfoncé plus profondément dans ses délires.
Son mépris pour l’Europe, déjà bien marqué, s’accentuera. Mais à l’inverse, sa fascination pour les tyrans va croître. Son « ami » Poutine doit suggérer aux popes qu’ils intercèdent auprès du Dieu orthodoxe pour que le benêt sans morale et sans foi continue d’être fasciné et embobiné par le maître du Kremlin, le KGB et ses sbires qui, de l’aveu d’un proche de Poutine, sont en train de s’immiscer bel et bien dans les élections aux États-Unis.
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Retour de Trump
Trump rêve de reprendre ses contacts avec le plus puissant des dirigeants de la planète, Xi Jinping, dictateur à vie, pour qui il n’a jamais caché son admiration, même s’il réserve quasi exclusivement celle-ci pour sa propre personne.
Ce n’est pas pour rien que la Chine s’appelle l’empire du Milieu. Elle est toujours le centre du monde, même si les États-Unis continuent d’être la plus grande puissance au monde. Mais pour combien de temps ?
Face à une Chine verrouillée encore davantage depuis le dernier congrès du PCC, le 21 octobre dernier. Devant un pays qui réussit à confiner son 1,4 milliard d’habitants, les États-Unis, au bord de la catastrophe et déchirés par leurs extrêmes, ne font pas le poids.
Les démocrates sont en mal de dirigeants charismatiques et visionnaires. L’élite démocrate, à l’image de la démocratie américaine elle-même, semble avoir atteint ses limites. Répétons--le comme un mantra. Plus de 40 % des Américains ne croient plus à la démocratie. Chez les jeunes, le taux est de 52 %. Dans le contexte politique dégradé d’aujourd’hui, rien n’indique qu’un renversement d’opinion s’annonce.
Contrôle
La pensée complotiste est à l’avenant. Les gourous du complot ont envahi les réseaux sociaux, les églises et les institutions scolaires, qu’ils essaient de contrôler d’une main de fer.
Dans ce théâtre politique tragique, la raison et les faits peinent à s’imposer. Entre les libertariens et les idéologues de la cancel culture, le triomphe de l’esprit et de la pensée raisonnable demeure un vœu pieux.
Les êtres humains sont habités par un mystère glorieux ou douloureux. Face à la déliquescence des États-Unis, pays tributaire d’une guerre civile, ne l’oublions pas, la conjoncture politique actuelle annonce de douloureux affrontements. La violence se déploie, exacerbée par le déni de la réalité et par la possibilité d’ouragans idéologiques comparables à ceux qui s’abattent sur la Floride.
Une peur sourde se perçoit chez les Américains, quel que soit leur camp. L’Europe, déjà mal en point, a les yeux fixés sur l’Amérique. Alors, il faut être aveugle au Canada pour rejeter l’idée des contrecoups que la crise politique chez nos voisins du sud aura sur le Canada, qui a affaire à ses propres extrémistes.
Malheureusement, personne ne peut se réfugier sur une autre planète. Donc, soyons lucides et courageux.
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