«Les enjeux sont élevés»: une élection différente pour bien des Canadiens

AFP
Les Canadiens sont appelés aux urnes le 28 avril au moment où nombre d'entre eux ont la sensation d'être à un tournant de l'histoire du pays confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain.
Paroles d'électeurs à quelques jours du vote après une campagne très suivie et largement dominée par le nouveau premier ministre libéral Mark Carney et le conservateur Pierre Poilievre.
«Scrutin historique»
Kendel, qui n'a pas voulu donner son nom de famille, est au Canada depuis 18 ans mais n'a jamais voté.
Mais pour ce chauffeur-livreur d'Ottawa de 39 ans, cette élection est différente et même «historique». «Elle pourrait amener de vrais bouleversements pour notre économie».
Et parce qu'il est «temps que cela change» il va voter conservateur pour chasser les libéraux qui sont au pouvoir depuis dix ans.
«Les enjeux sont élevés»
Marcus McCullough, qui travaille dans un centre social à Victoria, en face de Vancouver, dans la province de la Colombie-Britannique, est encore indécis. Si l'homme de 38 ans n'a pas encore fait son choix c'est parce que «les enjeux sont un peu plus élevés cette année, avec tout ce qui se passe».
«C'est la première fois de ma vie que j'attends jusqu'au dernier jour pour vraiment prendre ma décision», ajoute-t-il se disant très inquiet par l'augmentation du coût de la vie.
«Je veux vraiment donner à tous les partis le temps d'expliquer leur programme et choisir celui qui défend le mieux les personnes vulnérables».
«Vote utile»
Kyle Moon, 34 ans, est musicien professionnel et membre d'une communauté autochtone du nord de l'Ontario. Désillusionné, il a peu suivi l'élection mais il ira voter pour le Parti libéral de Mark Carney.
«Les questions qui comptent pour moi sont celles liées aux autochtones» et «aux ressources minières du nord», thématiques très peu abordées lors de la campagne écrasée par les questions économiques et les relations avec les États-Unis.
«J'ai toujours été un électeur du NPD (Nouveau parti démocratique, gauche). Mais cette fois-ci, je vais voter libéral», confie-t-il, ajoutant que ce sera un «vote utile».
L'espoir d'un changement
Francesco Campo est inquiet et il sent chez les clients de son salon de coiffeur que l'atmosphère est différente des autres élections.
La question essentielle, pour lui «c'est le logement», qui plombe son budget.
«J'ai toujours voté libéral. Mais maintenant, avec cette question du logement, je ressens qu'il faut définitivement un changement, quelque chose de complètement nouveau», glisse ce coiffeur de 33 ans. Il votera donc conservateur.
L'environnement, absent de la campagne
Laurie Beausoleil, qui travaille dans un petit café d'un quartier excentré de l'île de Montréal, regrette que Donald Trump ait accaparé la plupart de l'attention dans cette campagne.
Certains thèmes importants pour elle ont été oubliés de la campagne estime-t-elle - les droits des femmes, la lutte contre les discriminations ou encore d'écologie.
«Pour moi, l'environnement est très important» et on entend surtout «parler d'économie». «C'est vraiment décevant de voir qu'une question aussi importante que l'environnement n'est même pas abordée».
La jeune femme de 24 ans penche pour les libéraux car pour elle les conservateurs présentent trop de similitudes avec les républicains américains. «J'ai peur que l'on se retrouve avec un parti qui suive Trump, ou qui défende des valeurs similaires».
«Tenir tête»
Karen Allan rêve d'un Premier ministre pragmatique et raisonnable, un «bon dirigeant» capable d'apporter des solutions et de ne pas «créer plus de problèmes» dans cette période de crise.
Pour cette artiste de 54 ans qui vit à Victoria, ce sera donc Mark Carney.
«Je pense que nous avons besoin de quelqu'un pour tenir tête» à nos adversaires, a-t-elle dit, faisant allusion à Donald Trump, mais refusant de prononcer son nom.