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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Les employés-rois font mal à de nombreuses PME

Une entrepreneure en colère se dit incapable de participer à la surenchère des salaires

Isabelle Huot, et sa réceptionniste de 75 ans Micheline Vallée, alias Mimi, dans leurs bureaux de L’Île-des-Sœurs, à Montréal.
Isabelle Huot, et sa réceptionniste de 75 ans Micheline Vallée, alias Mimi, dans leurs bureaux de L’Île-des-Sœurs, à Montréal. Photo Martin Alarie
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Hélène Schaff

2022-07-16T04:00:00Z
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Alors que le nombre de postes vacants atteint près de 225 000 au Québec, des employés jouent «aux chaises musicales», parfois en accordant peu ou pas de préavis à leur employeur, et sont devenus le cauchemar de petits entrepreneurs.

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«Le manque de respect de certains employés, aujourd’hui, ça me révolte», lance Isabelle Huot, docteure en nutrition et femme d’affaires en agroalimentaire de prêt-à-manger.

L’entrepreneure raconte devoir composer avec de nouveaux employés qui quittent le travail, peu après avoir été embauchés, parfois sans donner d’explication ou de préavis. 

«Après trois semaines, la nouvelle réceptionniste ne se présente pas le lundi, explique-t-elle. Je tente de la rejoindre toute la journée et je reçois finalement un message texte, le soir, me disant qu’elle démissionne, qu’elle ne me doit rien, elle a trouvé mieux.»

Dans d’autres cas, la surenchère fait rage. Un commis-comptable est rentré à 18 $ l’heure il y a seulement quatre jours. Il est encore en formation. Mais il reçoit une offre plus alléchante. La dirigeante n’a pas le choix que «d’accoter» à 25 $.

Pour elle, «l’employé est devenu l’employé-roi».

En affaires depuis 10 ans, Mme Huot estime faire face à ces enjeux depuis 2018, mais confie qu’actuellement, elle trouve ça «vraiment difficile».

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Compétition féroce

Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), indique que «la situation de pénurie de main-d’œuvre fait qu’on assiste beaucoup à du déplacement de personnel». 

Selon Statistiques Canada, le Québec compte près de 225 000 postes vacants au premier trimestre 2022. C’est près du double de 2019, avant la pandémie. 

Isabelle Huot, pourtant aguerrie et passionnée, se sent pour la première fois découragée dans son rôle d’entrepreneure. 

La dirigeante dit ne pas être capable de compétitionner avec les compagnies qui débauchent ses nouveaux employés, souvent de grosses entreprises». 

De plus, former sans cesse de nouveaux salariés dans des délais serrés rend la tâche difficile pour la femme d’affaires.

«Plus l’entreprise est petite, plus les défis sont grands, confirme François Vincent, vice-président Québec de la FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante). Les PME ont une marge de manœuvre plus limitée.»

L’entreprise qui compte huit employés a présentement deux postes vacants. 

Isabelle Huot regrette que la charge de travail retombe sur ses employés plus anciens, qu’elle considère comme «extraordinaires et loyaux».

Pour remplacer au pied levé la réceptionniste qui a quitté son poste précipitamment, Isabelle Huot a dû faire appel à son amie Micheline Vallée, une aînée de 75 ans.

La dirigeante dit pouvoir comprendre qu’un travailleur veuille partir pour un meilleur salaire, mais elle en appelle à plus de respect envers l’employeur en donnant un préavis de trois semaines et en formant les personnes qui vont succéder.

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