Les électroménagers américains boudés par les Québécois, qui préfèrent la Corée et la Chine

Les Québécois boudent les électroménagers américains et la colère envers Donald Trump les pousse à favoriser les marques coréennes et même chinoises.

La guerre commerciale a transformé le marché des électroménagers, confirment nos marchands de meubles.

Gabriel Setlakwe, copropriétaire des cinq magasins Setlakwe, principalement au Centre-du-Québec, constate que des marques comme Samsung et LG profitent grandement de la vague antiaméricaine.

«Nos ventes avec les produits coréens (Samsung et LG) sont en explosion», observe-t-il.

Concrètement, les ventes des laveuses et des sécheuses de la marque Huebsch, des produits fabriqués par une entreprise du Wisconsin aux États-Unis, sont en chute libre en raison de leur provenance et des coûts exorbitants.

Pour une laveuse Huebsch, le client peut débourser jusqu’à 2130$ avant taxes, tandis qu’un produit comparable d’une autre marque peut se vendre à 799$ au rabais.

«On en vend encore, des Huebsch, mais les ventes ont coupé de plus de la moitié, les prix ont terriblement augmenté, on est rendus à des ensembles de 5000$», souligne M. Setlakwe.

Étiquette américaine

Comme dans le secteur de l’alimentation, où les entreprises tentent de se dissocier de l’étiquette américaine très peu appréciée au Canada, des marques comme Frigidaire font des pieds et des mains pour afficher leurs nouvelles souches suédoises.

C’est que Frigidaire est historiquement associée aux États-Unis, donc les clients questionnent beaucoup les commerçants sur cette marque.

Mais elle appartient à la multinationale suédoise Électrolux, bien connue à l’époque au Québec pour ses balayeuses.

«Les ventes de Frigidaire sont un peu en décroissance, indique Gabriel Setlakwe. Mais on donne l’information juste aux consommateurs. Ce n’est pas un produit typiquement américain maintenant.

Les Chinois s’invitent

Une entreprise chinoise qui se positionne comme un leader mondial dans le secteur de l’électroménager et des climatiseurs profite de la grogne contre l’administration américaine pour tenter une percée dans nos magasins québécois.

La marque Midea s’invite au party et prend de plus en plus de place sur le plancher de vente.

«Pour nous [au Canada], c’est une marque qui n’existait pas vraiment il y a un an et présentement ça rentre par conteneurs au port de Vancouver», raconte le marchand de meubles.

Un réfrigérateur Midea d’une capacité standard peut se vendre autour de 800$.

D’autres marques, notamment Amana, sont capables d’égaler ce prix, mais elles offrent souvent des produits fabriqués par des Américains.

Pendant ce temps, il n’est pas rare de débourser entre 1000$ et 1500$ pour un frigo, selon le modèle.

La marque maison

Chez Corbeil, la hausse des prix des appareils électroménagers, provoquée par la guerre commerciale et le taux de change peu favorable, a donné l’occasion à l’entreprise de mousser sa marque maison.

En quelques semaines seulement, le nombre d’unités vendues de la marque Ellipse, l’équivalent de la moutarde maison à l’épicerie, a augmenté de 30%.

«Pour nous, c’est la façon de donner des produits à bas prix», affirme Walter Lamothe.

Le chef de l’exploitation pour le Groupe Amiel, qui exploite la bannière Corbeil, reste prudent avant de crier victoire, mais il constate un appétit de la clientèle avec le coût de la vie qui a beaucoup augmenté dans les dernières années.

«Il est encore tôt dans la game, mais c’est très positif et nous sommes fiers de ça», admet-il.