Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les drones vont transformer l’art de la guerre

Drone ukrainien Osa
Drone ukrainien Osa Photo tirée du site du fabricant «First Contact»
Partager
Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2025-06-04T19:30:00Z
2025-06-05T04:00:00Z
Partager

Il y a quelque 2500 ans, dans son célèbre traité L’art de la guerre, Sun Tzu soulignait l’importance de la surprise en guerre et en stratégie. Une attaque-surprise bien exécutée pouvait être décisive, mystifiant, trompant et désorientant l’ennemi.

C’est ce que les Ukrainiens viennent d’infliger aux Russes. L’opération Toile d’araignée a mis en lumière les avancées de l’Ukraine en matière de guerre par drones et de planification stratégique. L’opération a utilisé des drones dotés d’intelligence artificielle et qui étaient programmés pour identifier des avions stratégiques lance-missiles, les Tu-95MS, Tu-160 et Tu-22M3, percutant, pour maximiser les dégâts, leurs composants critiques comme les réservoirs de carburant.

L’Ukraine a déployé 117 drones introduits clandestinement en Russie à bord de camions à toit rétractable afin de pouvoir les lancer à proximité des bases aériennes. L’opération était dirigée par le réseau de téléphonie mobile russe: ingénieux, simple et efficace!

De Mourmansk à la Sibérie orientale

La frappe contre des installations militaires a mis hors service environ 34% des avions porte-missiles de croisière russes utilisés contre l’Ukraine. Elle n’a sans doute coûté que quelques dizaines de millions de dollars et a causé aux Russes sept milliards de dollars américains de dégâts. Elle a terni la réputation de leurs forces armées et de leurs services de sécurité. Pour les humilier davantage, Zelensky a révélé que le centre d’opération de l’attaque dans l’une des régions était situé juste à côté du siège local du FSB, le service de sécurité russe.

Publicité

Kyïv aurait peut-être dû ne pas donner autant de détails sur sa spectaculaire attaque. C’est un mode d’emploi qui va inspirer des organisations terroristes à travers le monde, qui ont les moyens de la réaliser. Les façons de se protéger contre de telles attaques à l’aide de drones sont à inventer.

Que serait-il arrivé le 11 septembre 2011 si des centaines de drones kamikazes avaient ciblé le World Trade Center, le Pentagone et la Maison-Blanche au lieu d’avions de ligne? Les dommages auraient été moindres peut-être, mais l’impact et la résonnance médiatique mondiale auraient été tout aussi importants.

Tout ça risque d’ébranler le régime de Poutine. Il va procéder à des purges au sein de ses services de sécurité intérieurs, qui n’ont rien vu et rien su de ce qui se préparait depuis près de deux ans. Tout aussi incapable, le service de renseignements militaire, qui n’a rien détecté de suspect autour de ses bases de bombardiers stratégiques.

Les drones: armes du futur

C’est un coup de maître qui confirme le rôle prépondérant que les drones vont jouer dans les conflits à venir. Ça rend obsolète, dans sa forme actuelle, le bouclier antimissile que Trump propose pour défendre l’Amérique du Nord. Il devra être complètement repensé. L’essaim de quadricoptères ukrainiens a changé à jamais l’art de la guerre. D’ailleurs, la Chine développe actuellement des avions-robots gros porteurs à long rayon d’action (Jiutian SU-AVE) capables de lancer une nuée de 100 drones kamikazes.

Publicité
Publicité