Les dix commandements du Québec
Les 10 règles qui régissent le Québec!


Richard Martineau
Quand on observe l’actualité des derniers jours, on se rend compte que la gestion des affaires courantes est régie par dix commandements, aussi inébranlables que ceux que Dieu a donnés à Moïse.
Les voici:
Dans le plat de bonbons tu pigeras
Camions à 80 000$, souper d’huîtres à Paris, whisky japonais à 55$ le verre, colloques inutiles sous le soleil des tropiques: que vous soyez fonctionnaire municipal ou défenseur de la classe ouvrière, ne vous gênez surtout pas et pigez à deux mains dans le bol de paparmanes! C’est là pour ça!
Les coûts prévus tu dépasseras
Un devis, au Québec, ce n’est pas une cible à atteindre, c’est un horizon à dépasser! Obligatoirement! La devise des projets publics est la même que celle des Olympiques: «Plus vite, plus haut, plus fort!» Citius, Altius, Fortius! Et toujours plus!
Tout blâme tu rejetteras
Un projet qui devait coûter 500 millions de dollars a fini par en coûter le double? C’est la faute à Pas-de-chance, c’est-à-dire à personne! Le ministre pointe les fonctionnaires, qui pointent le ministre, et tout le monde garde son emploi!
Les questions tu éviteras
Les ministres sont disponibles pour des entrevues lorsqu’ils annoncent de beaux gros projets, sinon ils sont partis prendre leur Bovril! Quant aux bonzes de la FTQ, ils intimident les journalistes qui osent poser trop de questions. Et lorsque certains documents sensibles sont enfin dévoilés au public, ils sont caviardés! Les mains sur les yeux, la bouche et les oreilles.
La langue de bois tu maîtriseras
«Il faut que vous compreniez que nos allocations de ressources sont axées sur un mode de répartition des soins géré en fonction des paramètres décidés par la table de concertation de la région administrative 02, alors c’est absolument impossible de prioriser des éléments de solution au niveau du bénéficiaire individuel...»
Le Canada tu blâmeras
C’est la faute du Canada. Toujours. Tout est de la faute du Canada.
Le citoyen tu emmerderas
Le problème, ce n’est pas le déneigement qui prend 15 jours, non, c’est l’automobiliste qui se stationne en diagonale à cause des bancs de neige. Le problème, ce n’est pas la grosse multinationale qui pollue sans vergogne avec la permission du gouvernement, non, c’est le citoyen qui ne recycle pas. Pardonne au gros, accuse le petit.
L’entrepreneur tu embêteras
On déroule le tapis rouge pour les géants américains et on leur signe de beaux chèques en blanc, mais on étouffe les entrepreneurs d’ici sous la paperasse, le red tape et la bureaucratie.
Des deux côtés de la bouche tu parleras
«Achetez local! Priorisez les entreprises d’ici!» Mais quand vient le temps de donner de gros contrats, le gouvernement se tourne vers l’Inde, ou Amazon, ou IBM. L’achat local, c’est pour monsieur et madame Tout-le-Monde, pas pour l’État!
Tes promesses tu renieras
La CAQ dans l’opposition: «Le gouvernement doit mettre sur pied une commission d’enquête publique sur l’octroi des contrats en technologies de l’information!» La CAQ au pouvoir: «Nous n’avons pas besoin d’une commission! Ça ne servirait à rien!»
Et c’est comme ça que la province s’enfonce, petit à petit.