Les deux présumés «postes de police» chinois du Québec contre-attaquent la GRC


Sarah-Maude Lefebvre
Les deux présumés «postes de police» chinois à Montréal et Brossard contre-attaquent et menacent de poursuites la Gendarmerie royale du Canada.
Les deux centres communautaires tiendront une conférence de presse vendredi pour dénoncer l’enquête menée par le corps policier à leur sujet au cours des derniers mois.
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«L’absence d’explication intelligible de la GRC sur les allégations [...] ne laisse aux centres communautaires d’autre choix que d’exercer leurs recours légaux», peut-on lire dans l’invitation à la conférence de presse.
En mars dernier, notre Bureau d’enquête révélait que le Service à la famille chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, à Brossard, faisaient l’objet d’une enquête de la GRC. Le corps policier soupçonne les deux centres de compter parmi les nombreux présumés «postes de police» chinois recensés à travers le monde, suspectés d’agir et d’intimider des membres de la diaspora pour le compte du gouvernement chinois.
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Au bord du gouffre financier
Le communiqué dénonce aussi les impacts négatifs de cette enquête sur le fonctionnement des deux centres communautaires, qui auraient perdu beaucoup de sources de financement au cours des derniers mois.
L’avenir de l’immeuble qui héberge le Service à la famille chinoise du Grand Montréal, dans le quartier chinois, serait aussi incertain. Selon le communiqué, la banque aurait annoncé son intention de ne pas renouveler l’hypothèque liée à l’immeuble lorsqu’elle viendra à échéance en mars prochain.
« L'enquête a laissé la communauté dans l’incertitude. Les droits garantis par la Charte à la communauté sino-québécoise sont violés, portant atteinte à un organisme qui a été au service de la communauté depuis plus de cinq décennies», allèguent les deux centres.
Une coalition sera lancée vendredi pour soutenir et «défendre» les deux centres communautaires.
Une enquête toujours active
De son côté, la GRC affirme que l’enquête de son Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN) sur les deux présumés «postes de police» est toujours en cours.
«Nous sommes toujours à la recherche de renseignements, de victimes et de témoins potentiels. Il n’y a pas eu d’arrestation dans ce dossier à date», a indiqué mercredi le porte-parole de la GRC, le sergent Charles Poirier.
En mars dernier, la GRC avait sollicité l’aide de la population pour faire avancer son enquête.
«On sait pertinemment qu’il y a certaines personnes qui subissent des pressions, qui ont peur pour elles ou pour leur famille», avait déclaré à l’époque le sergent Poirier.
Un mois plus tard, la directrice des deux centres et conseillère municipale de Brossard, Xixi Li, avait transmis une déclaration à notre Bureau d’enquête comme quoi les activités des deux centres communautaires se déroulaient normalement et qu’il y avait eu peu de communications avec la GRC.
Le corps policier avait par la suite répliqué que seules les activités «illégales» des présumés «postes de police» avaient été interrompues par la GRC, sans que ce la ne porte à conséquence pour la programmation régulière de ces centres qui offrent de nombreux services sociaux à la diaspora chinoise.
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