Allégations d'agression sexuelle: les deux joueurs des Tigres sont au camp
Agence QMI
Les deux joueurs des Tigres de Victoriaville visés par des allégations d'agression sexuelle à la suite de la conquête de la coupe du Président, l'été dernier, sont présents au camp d’entraînement de l’équipe et prennent part aux matchs préparatoires.
Même si l'enquête est toujours en cours, les jeunes hommes ont obtenu l'autorisation de participer au camp.
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Les faits allégués seraient survenus lors d’une soirée arrosée le 5 juin à l’hôtel Entourage sur-le-Lac situé à Lac-Beauport, près de Québec, où était hébergée l’équipe après son triomphe. Une femme a porté plainte à la police le lendemain, accompagnée de ses parents, et les deux porte-couleurs des Tigres ont été arrêtés.
Ils ont signé une promesse de comparaître le 5 octobre prochain. Selon ce que la Sûreté du Québec a indiqué à TVA Nouvelles, le travail d’enquête est terminé et le rapport sera déposé la semaine du 13 septembre. Une source policière consultée par TVA Nouvelles se montre très optimiste que le Directeur des poursuites criminelles et pénales autorise des accusations criminelles.
Décision qui fait jaser
Entretemps, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) n’interdit pas aux deux patineurs de s’entraîner avec leur formation, une clémence qui fait beaucoup jaser dans la région.
«C’est le genre de décision étant symptomatique de la culture du viol. C’est-à-dire qu’elle banalise ou tolère les [présumées] agressions à caractère sexuel», déplore Roxanne Ocampo Picard, du Regroupement des centres d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles.
«La culture du viol est présente et le monde du sport n’est pas à l’abri. Il peut même être un milieu particulièrement toxique.»
Plusieurs personnes rencontrées par TVA Nouvelles sont aussi outrées que la LHJMQ permette aux deux hommes de réintégrer les activités de l’équipe.
«C’est comme si la ligue disait : ‘c’est correct ce que vous faites. Tant que ce n’est pas tout à fait prouvé et qu’on n’a pas de preuve, jouez’», s’indigne une femme.
«Ça peut donner une très mauvaise image», prévient un jeune adulte. «Il faudrait vraiment attendre que l’enquête soit terminée avant de les laisser jouer», croit une autre femme sondée.
La ligue réagit
Dans un courriel, le bureau du commissaire Gilles Courteau dit qu'il laissera l’enquête suivre son cours, mais rappelle que la ligue ne tolère aucunement les «infractions à caractère sexuel».
«Nous suivons l'évolution du dossier de très près. Or, pour l'instant, aucune accusation n'a été déposée contre les joueurs. Au niveau de la LHJMQ, nous n'avons aucune tolérance pour des infractions à caractère sexuel et nous éduquons continuellement nos athlètes sur l'importance de ces enjeux ainsi que la notion de consentement.»
«Cependant, il ne faut pas oublier que dans une démocratie et un système de justice comme le nôtre, la présomption d'innocence existe et doit prévaloir. Soyez toutefois assuré que la LHJMQ agira conformément selon les tenants et aboutissants de l'enquête policière et du processus judiciaire.»