Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Une ex-députée caquiste mal à l’aise d’avoir voté contre le rapport de la commissaire à l’éthique pour Fitzgibbon

Photo d'archives
Partager
Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

2023-05-17T16:13:12Z
2023-05-17T20:33:53Z
Partager

Les partis politiques sont devenus des machines à contrôler le message, réduisant au silence les députés d’arrière-ban, affirme l’ex-élue caquiste Émilie Foster. Elle se souvient avoir été fort embarrassée de voter contre le rapport de la commissaire à l’éthique blâmant le ministre Pierre Fitzgibbon.

• À lire aussi: Nomination controversée d’un juge: la commissaire à l’éthique ouvre une enquête

• À lire aussi: La nomination d’un ami de Simon Jolin-Barrette comme juge «crée un malaise sérieux», disent les partis d’opposition

• À lire aussi: La commissaire fédérale à l’éthique, belle-sœur d’un ministre, quitte ses fonctions

«J’apprécie beaucoup Pierre, mais je trouve que la ligne de parti, elle va vraiment trop loin dans ce genre de situation», confie-t-elle, en entrevue avec notre Bureau parlementaire. L’ancienne députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré ne s’en cache pas, elle s’était alors sentie «très mal à l’aise».  

Mme Foster est désormais professeure associée au Clayton H. Riddell Graduate Program in Political Management de l’Université Carleton et signait mercredi matin un texte à la une de la revue Options politiques.

Son constat est sans équivoque: les formations politiques tendent à centraliser le pouvoir autour du chef entre les mains de stratèges politiques non élus chargés de contrôler le message.  

Publicité

«Les partis doivent se rappeler qu’ils font de la politique, pas du marketing. Les débats sont sains, nécessaires et doivent être encouragés, même si cela signifie de perdre quelques votes à la prochaine élection», écrit-elle. Désormais, le calcul politique passe avant tout et l’électorat s’évalue en part de marché.  

  • Écoutez la rencontre Montpetit-Fortin avec Marie Montpetit, analyste politique et Steve E. Fortin, Chroniqueur-blogueur au Journal de Montréal & Journal de Québec au micro de Yasmine Abdelfadel via QUB radio : 


Écrasés» par la ligne de parti

Un phénomène qui laisse bien peu de place aux simples députés, «écrasés par le contrôle des communications et la ligne de parti», insiste l’ex-politicienne. 

Lorsqu’un parti est au pouvoir, les interventions des élus qui ne sont pas ministres ou qui n’ont pas de fonctions parlementaires sont filtrées par les cabinets des ministres et du bureau du premier ministre, signale-t-elle. 

Aux dires de l’ex-députée caquiste, même les réunions du caucus, jadis un lieu privilégié de débats à l’interne, ne permettent pas toujours aux parlementaires d’exprimer librement leur opinion.  

Notamment en raison de l’omniprésence du personnel politique non élu.  

«La solidarité au sein d’un parti signifie souvent le silence complet du côté des députés d’arrière-ban», avance-t-elle.  

Publicité

Plus encore, l’universitaire estime qu’une réflexion s’impose quant à la place désormais prépondérante des stratèges et conseillers en communication dans les prises de décision.  

Le 3e lien et le marketing politique

Émilie Foster souligne qu’il arrive «tous les jours» que des membres du personnel politique non élu prennent des décisions à la place des députés.  

«Bien sûr qu’ils sont nécessaires, mais quand des choses sont imposées, comme, par exemple, je pense au 3e lien [autoroutier entre Québec et Lévis], les élus ont été mis devant le fait accompli, dit-elle. Ça, c’est un exemple frappant que ce ne sont pas les élus qui ont pris cette décision-là. Assurément que M. Legault va l’assumer, mais en tout cas, ce ne sont pas les élus de la région qui ont eu leur mot à dire là-dedans [à savoir] si oui ou non on éliminait cette promesse-là.»  

Dans ce cas comme dans plusieurs autres, la politique devient un produit de consommation, constate-t-elle. «Ce projet-là, il va coûter cher, il est très très controversé ailleurs qu’à Québec, alors qu’est-ce qu’on fait? Est-ce qu’on perd plus de parts de marché à le laisser aller ou est-ce qu’au contraire, ça va avoir un effet neutre et on va peut-être en gagner ailleurs qu’à Québec? On calcule les pertes et les gains en termes de parts de marché.» 

Le moment d’abandonner le projet de tunnel autoroutier n’est pas non plus anodin, insiste Mme Foster. «On a les grands stratèges qui pensent à toutes ces choses-là et se disent que c’est plus stratégique de le faire maintenant. On prend les décisions difficiles en début de mandat, ça fait partie de toute la dynamique du contrôle du message.»    

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité