Les démocrates trop élitistes


Luc Laliberté
Si les travaux de la commission qui enquête sur l’assaut du 6 janvier 2021 ou le procès de Steve Bannon nous rappellent quotidiennement que le Parti républicain se laisse dominer par ses pires instincts, une dérive tout aussi réelle affecte le Parti démocrate.
Si vous êtes idéologiquement plus près des démocrates et que votre «foi» ne vous aveugle pas, vous constatez que ce véhicule semble avoir perdu le cap. Considérez-vous toujours que le parti de FDR et du New Deal, celui de JFK et de la nouvelle frontière, parle encore à la classe ouvrière ou aux démunis?
Une élite intellectuelle
Il est possible que les démocrates se perçoivent ainsi, mais ils auraient intérêt à vérifier si les clientèles visées, et longtemps acquises, les écoutent avec attention. Encore récemment, un sondage Sienna/New York Times indiquait que le parti effectue des gains chez les universitaires, mais qu’il s’éloigne d’autres électeurs.
Malgré un gain de 20% auprès des plus éduqués, quand on regarde du côté des minorités, de la classe moyenne ou des démunis, les démocrates peuvent craindre le pire. Le calcul est d’une simplicité renversante: on perd plus qu’on gagne. On passe chez les républicains ou on s’abstiendra de voter.
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D’autres coups de sonde pointent en direction d’un ras-le-bol des jeunes face à la domination de la génération des Biden, Pelosi, Schumer et compagnie. Si vous perdez l’avantage auprès des minorités ou des jeunes et que les républicains vous dominent auprès d’un électorat blanc, un exercice d’introspection s’impose.
Pas assez pragmatique
Comment expliquer que les républicains puissent l’emporter malgré une dérive autoritaire alors que ceux qui ont développé le filet social semblent voués aux gémonies? Je proposerais modestement d’emprunter cette avenue: revenir sur le plancher des vaches. C’est moins glorieux, parfois plus salissant, mais plus concret.
Non seulement le parti doit-il modérer les transports de sa frange progressiste plus doctrinaire, mais il doit parler plus des réalités quotidiennes. Bien sûr qu’il faut parler de l’environnement, des réformes politiques ou constitutionnelles.
Cependant, si vous souhaitez obtenir une oreille attentive, parlez du prix de l’essence, de l’inflation, de la criminalité en hausse et du problème de l’immigration illégale. Ils seront probablement plus réceptifs que si vous leur proposez de couper dans les budgets des services de police comme l’ont fait certains activistes.
Même en supposant que les élites des grandes villes aient raison, à quoi bon vaincre en théorie si vous ne parvenez pas à gagner la confiance des électeurs? On prend le pouvoir en développant des coalitions et en évitant les extrêmes.
Je suis convaincu qu’en 2022, et malgré ses nombreuses imperfections, le Parti démocrate constitue une meilleure option pour nos voisins. Les républicains, entraînés constamment vers le bas par le trumpisme, savent charmer l’électeur. Ce qu’ils proposent n’est cependant pas adapté au XXIe siècle. Vivement des démocrates de terrain qui écoutent leurs concitoyens et adaptent leurs discours et leurs stratégies.