Les dégâts d’une relation toxique


Marie-France Bornais
Autrice de best-sellers riches en émotions, écrivaine adorée de ses lecteurs, Mélissa da Costa avait promis un nouveau roman très sombre pour 2022. Elle n’a pas menti. La Doublure est un roman-choc, extrêmement addictif, où elle met en scène la passion, les faux semblants, l’emprise et la manipulation. Evie, personnage principal de cette histoire sulfureuse de passion à haut indice de toxicité, pense réinventer sa vie, mais deviendra plutôt la doublure de Clara, l’épouse de Pierre.
Evie, une jeune femme qui fait de son mieux dans la vie, décide de changer de vie après sa rupture avec Jean. Elle quitte Marseille et ses longues journées de solitude pour accepter l’offre d’un inconnu, Pierre Marsan.
Cet homme visiblement riche et influent lui propose de devenir l’assistante personnelle de sa femme Clara, une jeune peintre en pleine ascension.
Evie saute sur l’occasion : enfin une nouvelle vie s’offre à elle. Une vie palpitante. Mais tout ce qui brille n’est pas or et elle aurait mieux fait de se méfier. Pierre Marsan lui demande de devenir, en fait, un peu plus que prévu : elle devra devenir la doublure de Clara. Avec tout ce que cela implique.
Le côté sombre
Mélissa da Costa avait déjà abordé le thème de l’emprise dans la relation entre Ambre et Philippe dans son roman Je revenais des autres. Mais elle va cette fois beaucoup plus loin. « Je pense qu’il fallait me sentir affirmée et prête pour écrire un vrai roman noir sur l’emprise sous toutes ses formes », confie-t-elle en entrevue.

Elle a eu cette idée de doublure. « Je voulais faire s’opposer la dualité de la femme avec une femme très noire, très sombre, très dominante et une femme plus douce, plus lumineuse. Cette idée d’artiste-peintre totalement torturée est venue. Puis l’idée d’une jeune fille qui deviendrait sa doublure et s’immiscerait dans son intimité en tant que femme, que maîtresse. »
L’histoire est devenue encore plus sombre, plus folle et plus perverse qu’elle l’avait imaginé dès le départ. « Même en cours d’écriture, j’avais l’impression moi-même d’être prise dans ce tourbillon, sous l’emprise de la drogue, du sexe, de l’argent. »
Et le pire, c’est que des gens vivent vraiment dans une emprise. « C’est un roman, mais la réalité est encore plus terrible. »
Romantisme noir
Par le biais de Clara, Mélissa da Costa explore l’emprise, à travers les arts. « J’ai fait une recherche pour savoir s’il y avait des courants de peinture qui étaient noirs et allaient explorer les pires facettes de l’âme humaine. »
Et elle a trouvé : le romantisme noir. « Je me suis mise à creuser et c’est là que j’ai découvert Goya, Füssli. En découvrant leurs œuvres, j’ai découvert l’image très présente de la femme fatale dans la littérature, dans l’art. »
Puis elle est arrivée à la figure de Lilith, à toutes les légendes et tous les textes qui s’y rapportent. « L’emprise, c’est la plus grande noirceur de l’âme humaine. C’est quelque chose d’universel, d’intemporel, qui traverse malheureusement le temps. »
Relation déséquilibrée
A-t-elle elle-même déjà vécu une relation malsaine ? « Je n’ai pas connu une relation exactement comme ça, mais je pense qu’on est nombreux et nombreuses à avoir sombré, un jour ou l’autre, dans une relation très toxique, très déséquilibrée. »
« J’ai vécu une relation très toxique avec quelqu’un qui avait une personnalité très noire. Malgré le fait qu’on sache qu’il ne faut pas y aller, il y a toujours une part de nous qui est fascinée par la noirceur et qui a envie de s’approcher au plus près de l’abîme. Et j’ai connu ça. J’en suis ressortie grandie et très forte, mais mon innocence a été assassinée au cours de cette relation, de cette emprise qui s’est mise en place. »
- Mélissa da Costa est l’autrice de Tout le bleu du ciel, qui figure dans le top 25 des romans les plus aimés des Français (France Télévision et BBC Studios).
- Elle a aussi écrit les best-sellers Les Lendemains, Je revenais des autres et Les Douleurs fantômes.
- Ses romans ont conquis des millions de lecteurs.
EXTRAIT
« Non, jamais je n’ai connu un foyer aussi harmonieux que celui de Pierre et Clara. J’essaie de m’y habituer auprès d’eux, comme si c’était tout naturel, mais chaque instant reste un émerveillement. Pour une foule de petits détails. Les petits déjeuners par exemple. J’ai testé chacun des parfums de confiture dans un ordre bien défini. Je suis tombée amoureuse de la cerise-badiane et j’ai découvert le parfum préféré de Clara. La rose. Elle tartine son pain complet de gelée de rose uniquement, et même lorsque le petit déjeuner est terminé, elle continue de tremper sa cuillère dans le pot et la lèche ensuite avec délectation. »