Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Les défis d’une relation biculturelle

Photo Pierre-Paul Poulin
Partager
Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-10-15T04:00:00Z
Partager

Autrice de plus de 20 romans à succès, l’écrivaine sherbrookoise Mylène Gilbert-Dumas invite les lecteurs à découvrir la suite de Noël à Kingscroft dans son nouveau roman, L’amour à Kingscroft. Clarisse et Rabih, que la pandémie avait rapprochés quand ce pharmacien d’origine syrienne s’était installé en Estrie, se sont enfin déclaré leurs sentiments et ont décidé de se marier. Tout va bien jusqu’à ce que la belle-mère de Clarisse débarque à Kingscroft. Le choc est énorme.

Clarisse découvre que ce qu’on dit parfois au sujet des belles-mères ne relève pas toujours de la légende. La mère de Rabih s’immisce dans leur relation et la situation n’est pas de tout repos. 

L’écart culturel est énorme : Clarisse a eu six enfants de quatre pères différents. Rabih est resté proche de ses racines syriennes et des valeurs conservatrices de sa famille. Leur union a-t-elle des chances de s’épanouir malgré toutes ces différences ?

Mylène Gilbert-Dumas explore le dialogue des cultures et la rencontre de l’autre, de même que le respect des différences, dans ce nouveau roman aux thématiques très contemporaines.

Elle met en évidence les chocs culturels qui se produisent, décrit ce qui se passe dans une union où les partenaires ont des bagages différents. 

Publicité

« J’ai eu beaucoup de plaisir à montrer les différences, et j’ai pris soin de montrer aussi qu’il y a des éléments très similaires », commente-t-elle en entrevue.

Photo fournie par VLB Éditeur
Photo fournie par VLB Éditeur

Trois semaines en Jordanie

« Les gens m’ont beaucoup écrit après la parution de Noël à Kingscroft et voulaient savoir ce qui arrivait, après, à cette famille-là. Je suis allée en Jordanie. Je suis allée passer trois semaines en immersion dans la famille de mon professeur d’arabe. J’ai été dans ce milieu pendant trois semaines et pendant que j’étais là-bas, j’ai ramassé plein d’éléments chouettes au niveau culturel.

« T’sé, la belle-mère... c’est difficile dans toutes les cultures. Alors j’ai voulu raconter l’histoire de Clarisse qui va rencontrer sa belle-mère, qui s’en vient à Kingscroft. Ça ne se passe pas bien. Ça prend du temps. Culturellement, c’est difficile. Et les conditions de vie des femmes sont différentes. Ce qui est valorisé chez une femme, c’est pas la même chose. »

« Je montre vraiment les différences, sur le plan des conditions des femmes. Je trouvais que c’était important. La belle-mère n’attend pas la même chose de sa bru. On a une grande liberté ici : on est, au Québec, une des sociétés les plus progressistes au monde avec la Suède et la Norvège. »

Mylène a fait des entrevues avec différentes femmes, en Jordanie : des chrétiennes, des orthodoxes, des catholiques, des musulmanes. Elle a abordé plusieurs notions du domaine intime avec elles pour comprendre. 

« Il y a des scènes de sexualité dans mon livre et j’avais averti mes lectrices. J’en ai parlé sur Facebook. C’est un peu cru, mais je veux montrer les différences d’attentes entre les femmes d’ici et les hommes de là-bas. J’ai eu beaucoup de plaisir à écrire ça ! »

Publicité

La belle-mère

Et la relation avec la belle-mère ? « Ça n’a pas toujours été facile, dans ma vie, mes relations avec mes belles-mères. J’avais beaucoup d’exemples, beaucoup d’éléments que je pouvais intégrer et ça passait super bien. Même si la belle-mère vient du Moyen-Orient dans mon livre, les belles-mères, c’est souvent difficile ! »

Le pauvre Rabih est déchiré entre sa fiancée et sa mère. « Il essaie de ménager la chèvre et le chou, de plaire aux deux. C’est vraiment lui qui souffre de ça. Et il est d’une immense patience. Il est heureux, parce qu’il aime Clarisse et elle l’aime. C’est vraiment un roman d’intimité familiale, d’une famille biculturelle. »

  • Mylène Gilbert-Dumas est l’autrice de plus de 20 romans.
  • Elle a exploré de nombreux genres avec succès.
  • Elle vit à Sherbrooke.

EXTRAIT

« Kingscroft était un des endroits les plus tranquilles des Cantons de l’Est. Une poignée de maisons, une église désaffectée, l’ensemble donnant l’impression, à cette distance, de surplomber les Appalaches. Par temps chaud, les collines dessinaient un paysage vallonné où semblaient jouer du coude toutes les teintes de vert, du tendre feuillage des bouleaux aux épines ténébreuses du rare sapinage. Les boisés abritaient d’innombrables colonies d’insectes piqueurs, et sans ce vent, qui balayait la région douze mois par année, la vie en plein air aurait été une véritable torture. »

Publicité
Publicité