Les dangers du franglais


Sophie Durocher
Il faut qu’on se parle de l’académie. Pas notre « Star académie ». Mais l’Académie française, qu’on ridiculise souvent pour son côté vieillot, poussiéreux et dépassé.
Cette semaine, les Immortels ont émis un rapport dans lequel ils tirent la sonnette d’alarme sur les dangers du franglais. Et vous savez quoi ? On aurait tout intérêt au Québec à s’inquiéter de ce qui se passe en France.
MOTS ACADÉMIE
Je vous ai souvent parlé de ces anglicismes épouvantables qui pullulent en France, dans les médias et dans les rues. Mais les exemples cités par l’Académie française sont encore plus ridicules que ce que j’avais constaté jusqu’ici.
Air France qui parle de sa « skyteam », le service postal qui parle de « pickup station », la chaîne de magasins de la Fnac qui propose ses « french days ». La société de chemin de fer SNCF qui a comme slogan : « Alors, ready to Ouigo? ».
Vous connaissez la belle région de la Sarthe, dans les Pays de la Loire ? Son slogan pour attirer des entrepreneurs est tout simplement : « Sarthe me up ».
On comprend le clin d’oeil à la chanson des Rolling Stones, mais qu’est-ce que ce slogan a à voir avec cette région dont les spécialités culinaires sont les rillettes de Mans, les glaces du Perche, les Poulets de Loué, les chapons ou poulardes du Maine, la marmite sarthoise, la soupe à la poule, la millée, la dorée, le pommeau sarthois, la bouine et le pâté aux pommes ?
Dans un rapport de 30 pages, l’Académie française s’inquiète de cette anglicisation du français au sein « des institutions, entités territoriales, universités, musées, entreprises et sociétés, de statut public ou privé ».
Vous savez quel est le slogan de la nouvelle Peugeot 208 ? « Unboring the future ». Misère, ça n’est pas français, ça n’est pas anglais, c’est un charabia inventé par des publicitaires !
- Écoutez l'édito de Sophie Durocher diffusé chaque jour en direct 7 h 50 via QUB radio :
Quand une ville comme Lyon a comme slogan « Only Lyon », quand l’application pour visiter les châteaux de la Loire s’appelle « My Loire Valley », c’est que la langue de Molière est dangereusement mélangée avec la langue de Shakespeare et qu’elle ne ressemble plus à la langue de qui que ce soit.
En 2020, en France, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie publiait un sondage selon lequel « 47 % des Français se déclarent agacés ou hostiles aux messages publicitaires comportant des mots en anglais ».
À quand un sondage semblable au Québec ?
AS-TU « PULL OUT » ?
J’ai une suggestion pour les académiciens français. Qu’ils écoutent les nouvelles capsules proposées par Radio-Canada sur icitou.tv.
« Lex et Wasiu sont de retour avec une nouvelle série d’entrevues et de capsules humoristiques inspirées par le milieu urbain et pluriculturel dans lequel ils ont grandi ». Ces deux personnages, qui se définissent comme « deux dudes sans kids », et qui prônent « laissez des kids être des kids », tentent d’imaginer le futur dans une de leurs capsules hi.la.ran.tes. Lex imagine qu’en 2056, on donnera une prime à la fertilité. Wasiu répond : « Ils vont mettre une pression sur nous pour pas pull out ? Yo, bro, moi j’peux pas pas pull out. Moi j’ai pas les hanches pour pas pull out. »
Yo, bro, les académiciens comprendront « que dalle ».
- Écoutez la rencontre Marie-Claude Barrette et Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct 18 h via QUB radio :