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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Les dangers de l’escalade

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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2023-02-22T05:00:00Z
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Avez-vous vu ça, cette semaine?

La Suède est sur un pied de guerre. 

Militaires de carrière et réservistes, fonctionnaires, conducteurs d’autobus, aides maternelles, des milliers de civils ont reçu leur «affectation de guerre». 

Et selon le quotidien Le Monde, la mobilisation ne fait que commencer. 

On se prépare pour une éventuelle invasion russe. 

La Suède, les amis! 

La dernière crise qu’a connue ce pays est un manque de boulettes brunes au IKEA de Karlskrona!

L’ENGRENAGE

On a beau ne pas vouloir être alarmiste, difficile de ne pas être stressé quand on regarde ce qui se passe sur la scène internationale.

Quand ce n’est pas la Chine qui se rapproche de la Russie ou Poutine qui menace — encore une fois — d’utiliser l’arme nucléaire pour régler ses comptes avec «l’Occident décadent», c’est le bozo de la Corée du Nord qui envoie des missiles pour faire parler de lui et montrer qu’il est encore en vie.  

En décembre, Henri Guaino, un ancien conseiller de Sarkozy, a publié un texte très intéressant dans Le Figaro: «Nous marchons vers la guerre comme des somnambules».

«Ni Churchill ni Roosevelt n’avaient pensé qu’un jour ils ordonneraient de bombarder massivement les villes allemandes pour casser le moral de la population, ni Truman qu’il finirait en 1945 par recourir à la bombe atomique pour casser la résistance japonaise, écrit-il. 

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«De même, Kennedy, en envoyant quelques centaines de conseillers militaires au Vietnam en 1961, ne pensait pas que huit ans plus tard, l’Amérique y engagerait plus d’un demi-million d’hommes, y effectuerait des bombardements massifs au napalm et serait responsable du massacre de villages entiers.»

Bref, ce qui est épeurant, dans ce genre de conflit, c’est l’escalade.

Une fois qu’on emprunte la voie de la guerre, on ne sait pas où cela peut nous mener.

Comme Guaino l’écrit: «En 1914, aucun dirigeant européen n’était dément, aucun ne voulait une guerre mondiale qui ferait vingt millions de morts, mais tous ensemble, ils l’ont déclenchée. 

«Et au moment du traité de Versailles, aucun ne voulait une autre guerre mondiale qui ferait soixante millions de morts, mais tous ensemble, ils ont quand même armé la machine infernale qui allait y conduire.»

LA «BONNE CHOSE»

C’est ce qui est inquiétant avec l’actuelle guerre en Ukraine.

Aucun des deux belligérants n’est prêt à faire de compromis. 

Zelensky, parce qu’il croit la victoire non seulement possible, mais certaine. Après tout, il a les É.-U. de son bord, non?

Et Poutine, car jamais il n’accepterait l’humiliation d’une défaite.

Et parce que la majorité des Russes ont vu la Grande Séduction de l’Ukraine par l’Occident comme une provocation.

Dans son texte, Guaino raconte une histoire révélatrice.

Dès le 7 septembre 1914, après seulement un mois de guerre, le chef du grand état-major allemand qui avait tant plaidé pour que l’Allemagne attaque a écrit ces mots à sa femme:

«Quels torrents de sang ont coulé! J’ai l’impression que je suis responsable de toutes ces horreurs et pourtant je ne pouvais agir autrement.»

C’est ça, l’engrenage. 

Tu es convaincu que tu es dans ton droit. 

Et en faisant ce que tu crois être la bonne chose, tu fous le feu à la planète.

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