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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Les crimes de guerre sont rarement punis

La Cour pénale internationale de La Haye
La Cour pénale internationale de La Haye CPI
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2022-03-13T13:14:06Z
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Le procureur de la Cour pénale internationale de La Haye a ouvert une enquête pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en Ukraine. Peu de condamnations sont obtenues par la CPI. Et ses enquêtes sont interminables.

Le procureur de la cour de La Haye vient de demander l’arrestation de trois individus pour des crimes de guerre perpétrés pendant la guerre opposant la Géorgie à la Russie en 2008.

Le «boucher des Balkans», l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, est mort pendant la cinquième année de son procès sans qu'aucun jugement n'ait été rendu. 

En visite en Pologne, la vice-présidente Kamala Harris a déclaré que la Russie devrait «absolument» faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre en Ukraine, citant les «atrocités» des bombardements de civils. Elle a parfaitement raison. Mais elle devrait se garder une petite gêne. 

Les États-Unis soustraient leurs propres citoyens et soldats de la juridiction de la Cour internationale de La Haye. Les donneurs de leçons américains ne veulent pas se soumettre eux-mêmes aux règles qu’ils édictent pour les autres. Si c’est bon pour Kadhafi, pour Assad, pour Milosevic et pour Poutine, pourquoi est-ce que ce ne le serait pas pour Bush et compagnie? 

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La justice américaine n’a absolument rien fait pour enquêter sur les crimes de guerre de responsables américains comme George W. Bush, Donald Rumsfeld et Dick Cheney, pour ne parler que des cas les plus notoires et les plus récents. Barack Obama voulait tourner la page.

Entre autres, l’administration Bush a violé le droit international quand elle a décidé d’envahir l’Irak en 2003. De hauts responsables américains ont perpétré des crimes de guerre quand ils ont ordonné la torture de prisonniers. La politique officielle des États-Unis d’«assassinats ciblés» par drones en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Somalie, au Pakistan et ailleurs contrevient aux lois de la guerre. Obama a fait de même en arrivant au pouvoir.

Les Américains n’enquêtent que très rarement sur les crimes de guerre qu’ils commettent. Si jamais des Américains sont traduits en justice aux États-Unis pour des crimes de guerre, ils sont acquittés ou reçoivent des peines insignifiantes sans commune mesure avec la monstruosité des actes commis. C’est quand ils ne sont pas simplement pardonnés.

Pour avoir dirigé l’assassinat de masse de 507 paysans vietnamiens sans arme, dont des femmes, des bébés et des vieillards, le 16 mars 1968, à My Lai au Viêt Nam, le lieutenant William Calley a été condamné à la prison à vie. Il a été libéré après deux jours d’emprisonnement sur ordre du président Nixon. L’opinion publique américaine soutenait massivement le tueur de masse Calley, considéré comme un héros national.

Il faut souligner que les dirigeants américains et leurs exécutants ne sont pas les seuls criminels à s’en tirer. Pensez aux crimes monstrueux commis sous Staline et sous Mao au nom du socialisme. Des centaines de millions d’êtres humains ont été tués dans des conditions atroces. Pourtant, ni à Moscou ni à Pékin on n’a traîné devant des tribunaux les vieux tortionnaires-assassins communistes qui ont coulé ou coulent encore des retraites tranquilles, adulés par leurs proches.

Seule une infime minorité des dirigeants et exécutants nazis ont eu à répondre de leurs crimes épouvantables. Des centaines de milliers d'Allemands, voire des millions, civils comme militaires, auraient été passées par les armes. Les criminels de guerre nazis qui avaient quelque chose à monnayer, comme des technologies spatiales pour Wernher von Braun, s’en sont tirés et ont même été choyés par leurs anciens ennemis. Wernher von Braun a obtenu la citoyenneté américaine. 

D’autres criminels de guerre nazis se sont mis au service de la CIA et du SIS britannique, où leurs connaissances de l’Europe de l’Est et de la Russie, brutalement acquises sur le terrain dans les organes de sécurité du Reich, ont été fort appréciées. 

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