Les coups de poing sur la gueule ont de nouveau la cote au hockey

Jean-Charles Lajoie
Les nombreuses bagarres qui ont marqué le duel entre les Sénateurs et le Canadien à Québec ont animé le spectacle autant qu’elles ont plu à une vaste majorité de spectateurs réunis au Centre Vidéotron et d’amateurs de hockey qui regardaient la rencontre.
La bonne vieille expression «personne ne s’est levé pour aller se chercher une bière pendant une escarmouche» s’est incarnée mardi soir.
Il y a bien eu quelques débats ici et là au lendemain du match, mais ils n’ont fait aucun bruit. Le recours aux coups de poing sur la gueule était, aux yeux des partisans du Canadien, totalement justifié.
Je suis en accord avec cet énoncé. Les joueurs du CH ont été molestés plus souvent qu’à leur tour depuis quelques saisons et de les voir se tenir debout a fait du bien à tout le monde, incidemment aux joueurs eux-mêmes.
Les courants de société tournent comme une grande roue. De blasphème pur et simple il y a cinq ou dix ans, voici que les bagarres retrouvent la cote au hockey.
Certains de mes amis parmi les plus nobles m’ont dit avoir savouré les taloches bien données par les frères Xhekaj et Jayden Struble face aux Sénateurs. Ils m’ont confié avoir ressenti un grand soulagement.
Un soulagement? À coups de poing sur la gueule? Combien de bagarres sauvages dans des gradins sont relayées chaque semaine sur les réseaux sociaux?
Gary Bettman l’a compris. Ce n’est pas demain la veille que le commissaire va imiter Mario Cecchini en interdisant les bagarres dans la Ligue nationale.
Je crois qu’aux États-Unis, après une accalmie relative, il y a recrudescence de la popularité du hockey qui voit les gants tomber.
On est friands de Matt Rempe autant que d’Artemi Panarin au Madison Square Garden. Nicolas Deslauriers vend des chandails en quantité à Philadelphie. Idem pour Mathieu Olivier à Columbus. Je vous épargne le nombre de ventes du chandail 72 bleu-blanc-rouge ici à Montréal. Ça pourrait rendre certains de ses talentueux coéquipiers jaloux...
Le docteur Dave Ellemberg, grand expert en commotions cérébrales, risque de plaider dans le néant pour encore longtemps puisqu’à l’évidence, la bagarre a la cote et ce phénomène reprend de la vigueur.
Ç’a au moins le mérite de bien servir les rivalités. Celle entre le Canadien et les Sénateurs existe bel et bien et il y a lieu de croire qu’elle va se perpétuer pendant la prochaine décennie. La moyenne d’âge des leaders de ces deux formations permet de rêver à de grands rendez-vous pour plusieurs saisons.
Depuis le départ de Brad Marchand, je pense que la rivalité du CH est supérieure avec les Sénateurs qu’avec les Bruins. Tout me porte à croire qu’elle va aussi surpasser celle avec les Maple Leafs de Toronto.
Est-ce que les Sénateurs sont les nouveaux Nordiques? Hélas, dans les faits non, mais en ce que ça provoque d’intensité et de débordements savourés sur la glace, on dirait bien que oui. Du pain et des jeux!