Les contre-tarifs imposés aux États-Unis ont rapporté plus de 2,5G$ à Ottawa jusqu’ici


Raphaël Pirro
Les contre-tarifs imposés en guise de représailles contre les États-Unis de Donald Trump ont rapporté plus de 2,5 milliards $ au fédéral depuis le début de la guerre commerciale, a appris Le Journal.
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Ce chiffre, obtenu auprès du cabinet du ministre des Finances François-Philippe Champagne, représente le total net perçu entre le mois de mars et mardi dernier.
Il est le fruit de trois couches de contre-tarifs déployées en fonction des attaques successives de l’administration Trump.
D’où viennent les milliards
Une première tranche de contre-tarifs de 25% est entrée en vigueur le 4 mars.
Annoncée en grande pompe par l’ancien premier ministre Justin Trudeau, elle concerne des produits de consommation du quotidien importés des États-Unis comme la nourriture, l’alcool, le café, les électroménagers, les vêtements et l’équipement sportif.
La semaine suivante, Ottawa y est allé d’une deuxième couche de représailles de 25%, cette fois concernant les importations d’acier et d’aluminium.
Finalement, le nouveau premier ministre Mark Carney a annoncé le 9 avril des contre-tarifs de 25% sur les importations de voitures «made in USA».
Vers un repli?
Malgré cette nouvelle et alléchante source de revenus pour un gouvernement abonné aux déficits, l’ère des représailles contre l’Oncle Sam pourrait bientôt tirer à sa fin.
Mark Carney a indiqué mardi qu’il ne chercherait pas à riposter à la plus récente hausse des tarifs américains à 35%. Au contraire: le Canada ne répondra plus «automatiquement» aux attaques, mais il «examinera les possibilités» de «supprimer les droits de douane» si cela permet d’avoir «le meilleur impact possible au Canada».
De plus, des proches de Donald Trump ont régulièrement fait savoir que les représailles canadiennes nuisaient aux chances du Canada de trouver un terrain d’entente.
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Le gouvernement Carney a déjà adopté des exemptions importantes à ses contre-tarifs pour mieux «calibrer» la stratégie canadienne aux besoins des entreprises d’ici.
En avril, il a exempté, pour six mois, de nombreux produits auparavant sujets à la surtaxe de 25%, dont les produits nécessaires à la sécurité et à la santé publiques. Les contre-tarifs visant l’acier et l’aluminium puis ceux sur les véhicules ont aussi été allégés de manière importante.
Une approche populaire
Pour Mark Carney, la fin des contre-tarifs représenterait une volte-face significative par rapport à l’approche combative qui a séduit les électeurs pendant la campagne électorale. Elle pourrait même s’avérer dangereuse politiquement.
Or, les Canadiens en redemandent: un sondage de la maison Augus Reid publié le 1er août suggère que 69% d’entre eux préfèrent adopter la «ligne dure» face aux États-Unis et 58% veulent des contre-tarifs équivalents à ce qu’imposera l’administration Trump.
Ces chiffres ont de quoi surprendre étant donné que 77% des Canadiens disaient être conscients que les représailles menaient à une hausse de coûts pour eux, selon un sondage de l’Institut économique de Montréal (IEDM) publié le 10 juillet.
Le think tank a récemment projeté que les contre-tarifs rapporteraient 9 milliards $ à Ottawa à partir d’avril 2026. Cela se traduit en une facture de 550 $ par ménage.