Les constructeurs automobiles vont privilégier les hybrides rechargeables
Malgré la volonté des gouvernements du Québec et du Canada d’électrifier au complet le parc de voitures d’ici 2035, les constructeurs semblent plutôt sur le point d’effectuer un virage


Martin Lavoie
Malgré la volonté des gouvernements du Québec et du Canada d’électrifier au complet le parc de voitures d’ici 2035, les constructeurs semblent plutôt sur le point d’effectuer un virage vers les véhicules hybrides rechargeables.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump et celle plausible de Pierre Poilièvre créent de l’incertitude sur l’aide qui sera apportée aux automobilistes qui se convertissent aux véhicules électriques (VE).
Et maintenant le provincial, qui avait déjà diminué de 7000 à 4000$ ses allocations, et le fédéral suspendent leurs aides faute de fonds.
Les constructeurs, qui ne sont pas parvenus à atteindre leurs objectifs de vente en 2024, en sont venus à se poser des questions.
Grandes attentes
«Les constructeurs tablaient sur une augmentation des ventes de 100% à 200% d’une année à l’autre, et ils ont 35%, 50%, seulement, ce qui est quand même très bon parce que les ventes baissent dans la plupart des véhicules à essence», avance Simon-Pierre Rioux, porte-parole de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ).
«Maintenant, ils se questionnent parce qu’ils ont procédé à de gros investissements et qu’ils ne savent pas ce qui va arriver avec Trump. Alors ils freinent leur production. Ils ont investi pour des batteries qu’ils vont les utiliser pour des hybrides rechargeables en attendant que le marché se rattrape», précise-t-il.

Les associations de concessionnaires perçoivent aussi la tendance.
«On observe partout dans le monde une montée des véhicules hybrides rechargeables, mais la réglementation québécoise ne leur accorde pas la même reconnaissance à long terme. Nous croyons que cette approche plus diversifiée faciliterait la transition vers l’électrification, plutôt qu’un inévitable recul», estime Ian P. Sam Yue Chi, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ).
«On voit déjà actuellement certains constructeurs ralentir ou mettre sur pause des investissements majeurs visant à générer plus d’inventaires de véhicule à zéro émission ce qui indique que le marché est assez mou et que les résultats sont mitigés pour quelques marques», opine pour sa part Charles Bernard, économiste principal de la Corporation des associations de détaillants d’automobiles du Canada (CADA).
Le CAA-Québec pense que la question de l’harmonisation des marchés a aussi un rôle à jouer dans le phénomène actuel.
«Il y a des endroits ailleurs qu’au Québec où l’électricité coûte plus cher, où culturellement on préfère les camionnettes, où on fait parfois de plus grandes distances que dans les grandes villes. L’hybride rechargeable est plus attrayant pour ces automobilistes et les constructeurs s’en sont rendu compte. Plusieurs, comme Ford et GM, ont choisi de ralentir la cadence du développement et lancement de modèles 100% électriques prévus», constate le porte-parole Jesse Caron.
Inévitable
Cependant, la nouvelle tendance pourrait être de courte durée. Si le prix des batteries continue de baisser, l’hybride aura toujours l’inconvénient d’utiliser deux technologies différentes.
«La Chine n’est pas à se demander si elle va faire des hybrides. Elle est au 100% électrique et leur production est énorme», plaide M. Rioux.
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