Les conservateurs promettent de réduire le déficit de 70% en un mandat

Raphaël Pirro
Les conservateurs de Pierre Poilievre prévoient réduire d’environ 70 % le déficit lors d’un premier mandat, et ce malgré d’importantes baisses d’impôts.
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«Monsieur Carney va non seulement maintenir toutes les dettes de Justin Trudeau, mais il prévoit ajouter encore plus de dettes et encore plus de dépenses [...]», a lancé Pierre Poilievre lors d’un rassemblement à Woodbridge, en Ontario.
Pour arriver à ses fins, le Parti conservateur du Canada (PCC) promet de faire des coupures d’environ 56 milliards $. Ses principales cibles sont la bureaucratie, les consultants, l’aide étrangère du Canada et les «subventions accordées aux initiés et aux groupes d’intérêts».
La bureaucratie fédérale serait réduite «graduellement» et «sans mises à pied massives», mais en ralentissant le rythme des embauches.
Parmi les autres coupures, le PPC évalue à 1 milliard $ par année les économies faites en supprimant la CBC et à plus de 2,5 milliards $ pour couper une bonne partie de l’aide étrangère à partir de 2026.
La part du lion des coupures se feraient toutefois dans le recours aux firmes externes de consultants, qui représente environ la moitié des économies prévues.
D’un autre côté, les conservateurs prévoient des augmentations massives de dépenses avec l’abrogation de toutes sortes de lois, de règles et de taxes relatives au secteur pétrolier.
La facture projetée pour l’élimination et les baisses de taxes s’élève à 75 milliards $, alors que les nouvelles dépenses se chiffrent à 34 milliards $, pour un total avoisinant les 110 milliards $ dans les quatre prochaines années.
Par ailleurs, la plateforme conservatrice veut compliquer la vie aux futurs gouvernements qui seraient tentés de hausser les impôts.
Le PCC propose une «Loi sur la protection des contribuables» qui interdirait «toute nouvelle taxe fédérale ou toute augmentation d'impôt sans consulter au préalable les contribuables au moyen d'un référendum».
Les conservateurs ont aussi l’intention de retenir le financement normalement accordé aux universités si elles ne respectent pas les principes de la liberté d’expression. Cela s’ajoute aux déclarations de M. Poilievre qui, cette fin de semaine, disait que le fédéral n’accorderait «pas un sou» aux universités qui tolèrent l’antisémitisme.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
De la sorcellerie
La plateforme conservatrice a été démolie par ses adversaires, qui y voient des tours de magie comptable.
«C’est un plan avec des chiffres imaginaires», a lancé le chef libéral Mark Carney, de passe à Trois-Rivières mardi.
C’est surtout la hausse des revenus projetée du secteur énergétique qui fait sourciller M. Carney.
«Ces chiffres sont une blague. Nous ne sommes pas dans une blague, nous sommes dans la crise la plus importante de nos vies», a-t-il dit.
Après avoir critiqué «les budgets Harry Potter» de ses opposants lors des débats des chefs, Yves-François Blanchet a poursuivi dans la veine des métaphores de sorcellerie.
«C'est un budget Hocus Pocus. Pour les plus vieux d'entre nous: dipidi-dipidi-pow et on fait apparaître des revenus!», a-t-il lancé.
«L'autre affaire, c'est l’envergure des compressions dans la fonction publique avec des accusations d’incompétence et d’inutilité. Il y a des limites [...]. Elon Musk, sors de ce corps!»