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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Les collectionneurs d’enfants»: une série documentaire percutante sur la cyberpédophilie

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Photo portrait de Guillaume Picard

Guillaume Picard

2022-10-18T02:30:42Z
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Paul Arcand propose une série documentaire choc, Les collectionneurs d’enfants, qui nous plonge dans l’univers de la cyberpédophilie. 

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On y suit le journaliste d’expérience sur le terrain auprès de policiers et d’intervenants de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) qui composent au quotidien avec ce fléau.

On voit un pédophile présumé se faire pincer devant les caméras du réalisateur André St-Pierre – coscénariste de la série avec Paul Arcand – et d’autres prédateurs se confier sur leur passage à travers le système judiciaire.

  • Écoutez le segment culturel d’Anaïs Guertin-Lacroix diffusé chaque jour en direct 6 h 35 sur QUB radio : 

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On donne aussi la parole à des personnes demeurant marquées à vie après avoir été victimes de leurre ou de sextorsion. Les entrevues de Paul Arcand, qui a consacré deux années à ce projet, sont percutantes et certaines réponses font sursauter.

C’est le cas de Roger, un pédophile qui a tout perdu après s’être fait arrêter. Il admet consommer encore de la pornographie à l’occasion, mais pas juvénile. Étonnamment, sa femme, Claudette, qui se trouve à ses côtés pour l’entrevue, ne l’a pas plaqué après ces années difficiles, incluant un procès et un séjour derrière les barreaux. Claudette est toujours là pour des raisons qui lui appartiennent, elle qui dit souffrir d’une forme de choc post-traumatique. Son témoignage nous rappelle que les proches des pédophiles sont aussi des victimes collatérales.

Pas de profil type ni de frontières

Les pédophiles qui ont recours à la Toile pour atteindre leurs victimes mineures sont de toutes les classes sociales et de tous les milieux. Et les frontières n’existent pas, lire ici que les personnes abusées viennent de tous les quartiers, sans discrimination.

C’est plus que choquant d’entendre des prévenus, au moment de se faire passer les menottes ou en interrogatoire, dire qu’ils n’ont fait que regarder pour satisfaire leurs pulsions, sans toucher aux enfants et aux ados. Mais en fin de compte, et la série le démontre avec force, ces jeunes sont victimes d’abus et le fait de regarder et de repartager des images érotiques les impliquant est criminel, en plus de perpétuer leur malheur.

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Les dossiers auxquels Paul Arcand et André St-Pierre s’intéressent dans les trois épisodes de la série sont touchants. Il ne faut pas avoir d’empathie pour demeurer de glace en écoutant l’histoire d’Héloïse, qui a été victime de sextorsion comme 76 autres jeunes filles. Même chose avec Audrey, qui raconte qu’un cyberprédateur a commandé son viol filmé à trois jeunes, leur demandant même, après avoir obtenu les images, de recommencer parce qu’elle n’était pas assez consentante à son goût. Cet homme a fait de la prison et est maintenant libre comme l’air. Il a même un profil sur Instagram.

  • Écoutez l'entrevue avec André St-Pierre, réalisateur à l’émission de Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct 14 h 38 via QUB radio :

Les points positifs, selon Paul Arcand, concernant Audrey et Héloïse «qui se sont tournées vers des adultes en qui elles avaient confiance pour les amener, dans les deux cas, à la police, vers une dénonciation et à des arrestations de multirécidivistes».

Dans les deux épisodes montrés aux journalistes lundi, on réalise qu’à une autre époque pas si lointaine il suffisait à un enfant de traîner au parc après le coucher du soleil pour se mettre en danger. Depuis l’avènement d’internet, qui est de plus en plus présent dans nos vies – la pandémie n’a pas aidé –, un jeune peut se mettre à la merci de n’importe quel prédateur ou manipulateur en s’enfermant dans sa chambre avec un téléphone, une tablette ou un ordinateur. Les parents ont donc aussi un rôle à jouer pour protéger leur progéniture.

Dix-sept ans après son film documentaire Les voleurs d’enfance, qui critiquait la DPJ, Paul Arcand espère que sa nouvelle série ouvrira une discussion afin que la société trouve des solutions pour contrer la cyberpédophilie, la balle étant notamment dans le camp du fédéral et des hébergeurs de matériel informatique. «C’était important d’illustrer la facilité avec laquelle [les prédateurs] arrivent à manœuvrer», a rappelé Paul Arcand.

Produite par Fair-Play, en collaboration avec Québecor Contenu, la série documentaire Les collectionneurs d’enfants débarque sur la plateforme Vrai le mardi 18 octobre.

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