En pleine opération de déneigement, une vingtaine de chenillettes «défectueuses» accumulent la neige dans la cour de la voirie de Laval

Alors que l’opération de déneigement bat son plein, une vingtaine de chenillettes jugées dangereuses et peu fiables sont enterrées sous la neige dans une cour de la voirie de Laval.

Les contribuables lavallois ont vu l’administration du maire Stéphane Boyer dépenser 4,5 M$ pour s’équiper de 27 chenilles multifonctionnelles qui auraient connu plusieurs problèmes de fiabilité et de sécurité. Durant la saison froide, elles étaient utilisées notamment pour déneiger les trottoirs et épandre des abrasifs.

Depuis leur acquisition en 2020 et 2021, plusieurs de ces chenilles, connues sous l’appellation «Multihog», ont été impliquées dans une série d’accidents alors que la Ville leur attribue des caractéristiques troublantes.

Deux d’entre elles ont notamment basculé et sont tombées sur le côté en moins d’un an. Le premier incident est d’ailleurs survenu quelques jours après le début de ses opérations.

Le deuxième épisode s’est produit quelques mois plus tard. Heureusement, les conducteurs impliqués n’ont pas été blessés sérieusement.

À la suite de ces incidents, des modifications ont été apportées aux engins pour éviter qu’ils ne se renversent. La Ville n’était toutefois pas au bout de ses peines puisqu’une série de problèmes mécaniques se seraient produits dans les deux années suivantes.

«Des attelages de pelle qui fendent; des poutres de suspension qui se déforment; des fuites hydrauliques répétées», font notamment partie des constats qui ont amené la Ville à prendre la décision de les sortir de la route, affirme leur chef des affaires publiques, Philippe Déry.

«Un retrait définitif de l’ensemble des 27 tracteurs s’est avéré nécessaire en raison d’enjeux majeurs», ajoute-t-il.

Jamais consultés

La Ville aurait tout de même tenté de résoudre le problème en renvoyant les véhicules au commerçant afin qu’ils soient inspectés et réparés, mais ces derniers seraient revenus avec les mêmes problèmes.

Échaudés par la situation, les cols bleus de la Ville de Laval considèrent qu’ils auraient pu prévenir une telle situation, s’ils avaient été consultés avant que la Ville dépense autant d’argent.

«On a des gens qui ont l’expertise pour faire des tests», affirme Marc-André Patenaude, secrétaire-trésorier du Syndicat des cols bleus de Laval.

«On aurait été en mesure de recommander des tracteurs en fonction de notre hiver québécois», ajoute-t-il.

La Ville prétend néanmoins que la situation n’a pas eu de répercussions sur la tempête historique qui vient de s’abattre sur le Québec, car elle a loué d’autres chenillettes auprès de tiers pour assurer le service.

Poursuite de plus de 6 M$

En décembre dernier, la Ville de Laval a finalement déposé une poursuite en Cour supérieure contre Machineries Forget Inc. Elle lui reproche notamment de lui avoir vendu 27 tracteurs qui avaient des vices cachés, selon la requête judiciaire que nous avons consultée. 

Dans sa requête, la Ville invoque une série de 13 vices qui l’amène à demander un remboursement complet, ainsi que le paiement de dommages additionnels. 

«Les tracteurs vendus ne rencontrent pas la qualité attendue, et ce faisant, ne peuvent servir pour le déneigement», allègue la Ville dans sa poursuite.

Machineries Forget n’est pas d’accord avec les prétentions de l’administration lavalloise.

«Nous en contestons vigoureusement le mérite et la véracité», affirme la présidente de la compagnie, Véronique Forget.

Aucune date n’est prévue pour un éventuel procès et les allégations de la Ville demeurent à être prouvées.