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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les charognards

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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2022-03-21T09:00:00Z
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La semaine dernière, on apprenait que Poutine est allé chercher 40 000 Syriens pour qu’ils aillent se battre aux côtés de l’armée russe.

C’est une très mauvaise nouvelle pour les Ukrainiens.  

  • Écoutez l'édito de Richard Martineau diffusé chaque jour en direct 8 h via QUB radio :   

IMPITOYABLES

Contrairement aux soldats russes, qui ont de la famille en Ukraine ou qui s’aperçoivent, lorsqu’ils arrivent là-bas, qu’ils ont eu le cerveau lavé par la propagande de Poutine, les Syriens ne sont pas impliqués émotivement dans ce conflit. 

Ils ne risquent pas d’avoir un « sursaut de conscience » les amenant à jeter les armes et à déserter.

Ils vont là pour « faire une job ».

Ils risquent donc de se montrer encore plus impitoyables que les soldats russes. 

Ça arrive dans chaque conflit.

Shakespeare les appelait « les chiens de guerre ». Moi, je préfère dire « les charognards ». 

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Les vautours attirés par l’odeur du sang. Ils entrent en guerre comme des héroïnomanes entrent dans une piquerie. Pour avoir leur hit.

Leur kick.

Contrairement aux membres des brigades internationales, qui sont venus des quatre coins du monde pour se battre aux côtés des républicains lors de la guerre civile espagnole, ces va-t-en-guerre ne prennent pas les armes pour défendre des valeurs ou une cause.

Ils montent au front pour le fric. Ou ce qu’ils appellent « l’aventure ».

Pour eux, il n’y a rien de plus beau qu’une ville qui s’effondre, une civilisation qui implose, une cité où la loi et l’ordre n’encadrent plus les comportements humains, et où tout, même les pires monstruosités, est permis. 

Ils regardent ça, et ils sont aussi excités que Charlie dans la chocolaterie de Willy Wonka.  

  • Écoutez la rencontre Lisée - Mulcair avec Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h via QUB radio :  

ARMÉES À LOUER

Et il y a aussi des milices privées, comme le géant américain Blackwater, l’entreprise française Secopex, l’agence allemande Xeless Group ou le groupe russe Wagner, qui a participé aux guerres de Syrie et de Libye. 

Des armées parallèles que des chefs d’État peuvent littéralement louer. 

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En Irak, la société Blackwater a été impliquée dans des massacres et des actes de torture.

En 2007, quatre « employés » de Blackwater (qui s’appelle maintenant Academi) ont tiré sur des civils irakiens sans discernement. Quatorze civils, dont des femmes et des enfants, avaient été tués, dix-sept autres avaient été blessés. 

Condamnés en 2015, ces quatre mercenaires ont été graciés par Trump en décembre 2020. 

Selon l’organisme Transparency International, ces armées privées avaient, en 2016, empoché plus de deux cents milliards de dollars en contrats.

C’est de la grosse business.

Plus il y a de guerres à travers le monde, plus ces entreprises prospèrent.  

COMME GÉRALD GALLANT

C’est quand même fou...

Les États peuvent faire affaire avec des sous-traitants pour mener une guerre !

Des entreprises « expertes en sécurité » qui tuent non pas pour défendre une cause, mais par intérêt financier, point. Ces « paramilitaires » ne sont pas des soldats. Ce sont des tueurs à gages. Comme Gérald Gallant, Frank Sheeran (The Irishman) ou Richard Kuklinski (The Iceman).

Selon le quotidien britannique The Times, en janvier dernier, le groupe russe Wagner a fait parvenir par avion plus de 400 mercenaires russes d’Afrique pour effectuer une mission spéciale : assassiner Zelensky. 

L’ordre venait du Kremlin. 

Quelle est la différence entre ça et un chef de la mafia qui fait assassiner un rival ?   

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